Lors des élections législatives togolaises, à Lomé, le 29 avril 2024.

Les Togolais étaient appelés aux urnes, jeudi 17 juillet, pour des élections municipales qui constituent un test pour le pouvoir, visé depuis début juin par des manifestations rares et meurtrières.

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Les rues de la capitale, Lomé, étaient calmes jeudi, tout comme la veille, malgré l’appel à manifester lancé pour ces deux journées par des blogueurs et artistes. Ces derniers réclament un changement de pouvoir et dénoncent la récente réforme constitutionnelle ayant consolidé le pouvoir de Faure Gnassingbé, à la tête du pays depuis vingt ans. Des forces de l’ordre étaient déployées sur les principaux carrefours et les frontières terrestres devaient rester fermées toute la journée, déclarée fériée, comme lors de chaque scrutin.

La plupart des bureaux de vote ont ouvert comme prévu à 7 heures, mais les électeurs s’y rendaient au compte-goutte, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). Pour ces troisièmes élections municipales de l’histoire du Togo, 1 527 conseillers municipaux doivent être élus parmi 500 listes de partis politiques dans les 117 communes du pays. Ils éliront à leur tour les maires. « Les électeurs viennent un à un. Nous espérons qu’ils sortiront dans l’après-midi. Mais le vote se déroule dans le calme », a déclaré à l’AFP Bernisse Adjo, présidente d’un bureau au collège Attiégou, à Lomé.

Mandats d’arrêt

En juin, des dizaines de jeunes ont manifesté à plusieurs reprises pour contester l’arrestation de voix critiques, la hausse du prix de l’électricité et surtout la nouvelle Constitution. La société civile a dénoncé la mort de sept personnes qu’elle impute aux forces de l’ordre, notamment des corps repêchés dans des cours d’eau de la capitale. Le parquet a fait état de cinq morts par noyade et ouvert une « enquête contre X ». Par ailleurs, des mandats d’arrêt ont été lancés contre les blogueurs et artistes à l’origine des contestations de ce « Mouvement du 6 juin » (M66).

Plusieurs des principaux partis politiques d’opposition, dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC), ont pris part aux élections municipales après avoir boycotté les élections sénatoriales, en février, pour protester contre la nouvelle Constitution.

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Les dernières municipales remontent à juin 2019, trente-deux ans après les précédentes, en raison de plusieurs crises politiques. Elles avaient été remportées par l’Union pour la République (UNIR, au pouvoir) avec plus de 60 % des sièges de conseillers municipaux. Le taux de participation avait été estimé à 52,46 %, selon la commission électorale, et était faible à Lomé. Avant 1987, il n’y avait pas d’élections municipales au Togo.

Le pays a connu des vagues de manifestations massives contre le pouvoir, notamment en 2005, année de l’élection de Faure Gnassingbé, puis en 2013 et entre 2017 et 2018.

Le Monde avec AFP

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