On pensait assister à un spectacle pour enfants, on redoutait une guimauve Disney trop appuyée… Nos craintes se sont envolées à la vitesse d’un lever de soleil. Le Roi Lion sur scène dégage une formidable inventivité et ouvre un imaginaire qui s’adresse à tous les âges. Pas étonnant que cette comédie musicale soit à l’affiche pour sa septième saison au Théâtre Mogador, à Paris. On en sort séduits, parce que ce voyage dans la savane africaine nous plonge dans un univers théâtral peuplé de marionnettes, de masques, d’ombres chinoises, de rires et d’émotions, et offre un spectacle visuellement épatant, à mille lieues des grosses peluches et de l’univers parfois kitsch du studio américain.
Après avoir assisté au Roi Lion, on n’a qu’une envie : connaître les coulisses de ce travail artisanal de haute précision. Car les moyens déployés pour donner vie à l’histoire, aux échos shakespeariens, de ces animaux – 50 artistes, dont 14 enfants, une centaine de techniciens, dix musiciens, un chef d’orchestre – impressionnent. Alors nous sommes allés nous faufiler dans les couloirs, dans les ateliers et sous la scène du Théâtre Mogador, pour prendre la mesure de la machinerie nécessaire à une telle aventure. C’est comme plonger dans une ruche humaine au milieu d’un dédale organisé d’étagères, de caisses, de portants, de décors suspendus. « La grande complexité de ce spectacle réside dans la coordination et l’organisation, dans le maintien de la qualité avec autant de personnes », estime Laurent Bentata, directeur général de Stage Entertainment France, la société qui possède Mogador (1 600 places) et produit Le Roi Lion en France.
Marionnettes ingénieuses et expressives
Pour que cet imposant dispositif fonctionne, « la chorégraphie en coulisses est aussi précise et rigoureuse que celle sur scène », confie Olivier Breitman. Ce comédien incarne avec panache le lion Scar, le traître et rusé frère du roi Mufasa et oncle du lionceau Simba. Entre le maquillage, l’habillage et l’installation technique (batterie, moteur et câbles) destinée à animer son masque grâce à un petit boîtier caché dans la paume de sa main droite, une préparation d’une heure trente est nécessaire avant son entrée en scène. « Au début, je craignais de ne pas parvenir à gérer cette mécanique tout en jouant, témoigne Olivier Breitman. J’ai plus de 20 kilos sur moi, mais ça m’aide pour le personnage. » Il lui a fallu deux mois de répétitions pour parvenir à apprivoiser totalement la technique et le maniement du masque, qu’il peut faire pivoter, monter, descendre… « C’est devenu le prolongement naturel de mon corps », résume-t-il.
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