Dimanche 13 octobre, Keir Starmer a passé la barre symbolique des cent jours à la tête du gouvernement britannique. Le chef de file du Parti travailliste ne s’attendait certes pas à un parcours de santé, mais peut-être pas non plus à des débuts aussi calamiteux. A en croire un sondage YouGov publié à cette occasion, six Britanniques sur dix désapprouvent déjà l’action de son gouvernement et 47 % de ceux qui ont voté pour le Labour sont déçus. Où est passé l’espoir soulevé par la victoire historique du parti de la gauche britannique aux élections législatives du 4 juillet ?

Sur le perron de Downing Street, Keir Starmer promettait de tourner définitivement la page de quatorze années de chaotique règne conservateur, marquées par le Brexit, l’austérité et les scandales. Il avait fait campagne sur le « changement » et parlait d’engager le pays dans une « décennie de renouveau ».

Mais très vite l’atmosphère s’est assombrie. Au lieu de tracer des perspectives et de donner de l’espoir, le dirigeant et sa chancelière de l’Echiquier, Rachel Reeves, ont noirci le tableau, dénoncé une ardoise « inattendue » de 22 milliards de livres sterling (environ 26 milliards d’euros) laissée par le gouvernement de Rishi Sunak. Le premier budget sera « douloureux » ont-ils prévenu.

Equipes dysfonctionnelles

Les émeutes racistes de début août ont été promptement réprimées et la fermeté de Keir Starmer saluée. En tant que directeur des poursuites pénales pour l’Angleterre, il avait été confronté à des événements similaires lors des émeutes londoniennes de 2011. Ce capital politique s’est très vite dissipé à la fin de l’été quand les médias nationaux ont commencé à faire leur une sur le scandale des « freebies », ces multiples dons que Keir Starmer, son épouse et quelques ministres ont eu la faiblesse d’accepter : costumes, lunettes, robes, soirées à Ibiza, places pour le concert de Taylor Swift ou entrées multiples aux matchs de football…

Le dirigeant, qui, dans l’opposition, avait concentré ses critiques sur les arrangements douteux des élus tories avec la légalité ou la morale (comme ces marchés publics passés à des proches durant la pandémie, les vacances et le mariage de Boris Johnson payés par des donateurs, etc.), apparaît désormais comme un hypocrite, d’autant que simultanément le gouvernement semble s’en prendre aux finances des plus vulnérables. Rachel Reeves a en effet annoncé la suppression de la « fuel allowance », une allocation énergie bénéficiant à 11 millions de retraités. Les plus pauvres la percevront toujours, mais des millions d’autres en seront privés malgré leur modeste pension.

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