Avec le temps, Lucy Connolly, 42 ans, avait réussi à se créer une petite communauté sur X, ce réseau social longtemps connu sous le nom de Twitter où les abonnés débattent, parfois sauvagement, de l’actualité. Son compte était « suivi » par plus de 9 000 personnes. Une performance pour une assistante maternelle anonyme habitant la ville de Northampton, au Royaume-Uni, qui l’est tout autant malgré ses 250 000 habitants, sa brasserie Carlsberg et sa proximité de Londres, à seulement une heure de train.
Mais la personnalité de cette grande et forte brune collait parfaitement aux usages de la plateforme : vitupérante, excessive et à l’insulte facile. Elle s’y montrait obsédée par les musulmans, la gauche, les personnes transgenres ou les migrants, qualifiés d’« envahisseurs » et recouverts dans ses commentaires d’émojis vomissant.
« Oh, c’est Lucy… », commentaient, fatalistes, ses voisins lorsqu’elle leur envoyait des noms d’oiseaux. Personne ne s’attendait, dans son tranquille quartier résidentiel aux jardinets bien ordonnés, à la voir devenir un jour un symbole de la liberté d’expression prétendument bafouée dont on parlerait jusqu’à la Maison Blanche, aux Etats-Unis.
« Foutez le feu »
Le 29 juillet 2024, Lucy Connolly se connecte sur Internet à l’issue de sa journée de travail. Elle enrage encore plus que d’habitude. Une école de danse de Southport, sur la côte ouest du Royaume-Uni, vient d’être la cible d’une attaque au couteau. Trois petites filles, âgées de 6 ans, 7 ans et 9 ans, sont tuées. L’émotion est nationale.
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