« Nous risquons de devenir une île peuplée de personnes étrangères les unes aux autres », a déclaré le premier ministre britannique, Keir Starmer, le 12 mai, lors de la présentation de son Livre blanc proposant des mesures visant à « reprendre le contrôle de la politique d’immigration ». Etrangers les uns aux autres, nous l’avons toujours été, surtout ceux d’entre nous qui avons grandi dans la métropole mondiale qu’est Londres, avec sa centaine de langues différentes. Or, c’est justement cette diversité qui fait de cette ville l’une des aires urbaines les plus vastes et les plus prospères du monde depuis le XVIIIe siècle.

Keir Starmer, chef du Parti travailliste, singe visiblement le discours de la droite anti-immigration, hostile de tout temps à l’arrivée d’étrangers, que ce soient les juifs russes à la fin du XIXe siècle, les réfugiés fuyant le nazisme dans les années 1930, les immigrés en provenance des colonies britanniques et du Commonwealth après la seconde guerre mondiale, les Ougandais d’origine indienne dans les années 1970, les ressortissants des pays de l’Union européenne au début du XXIe siècle ou les « clandestins » qui traversent la Manche aujourd’hui. La liste est sans fin. Celle des partis anti-migrants, aussi. La plus récente de ces formations, Reform UK, a ceci de différent qu’elle est la première à être entrée au Parlement britannique.

Le chef de file de Reform UK, Nigel Farage, descendant d’Allemands établis à Londres au XIXe siècle et marié à une Allemande, fustige les immigrés, de même que Keir Starmer, alors que tous deux admettent que l’immigration est inévitable, mais souhaitent la maîtriser, idée qui sous-tend le Livre blanc « Reprendre le contrôle de la politique d’immigration ». Celui-ci établit un lien de cause à effet entre pression sur les ressources (logement, services publics) et immigration, alors qu’en fait, les migrants ont largement contribué au développement des services publics et à la croissance l’économie britannique.

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