A Sherbrooke, à 150 kilomètres à l’est de Montréal, la physique quantique est partout, jusque dans les canettes de bière. Concoctée au milieu des années 2010 par deux anciens doctorants de l’Institut quantique de la faculté des sciences, et toujours brassée à quelques kilomètres de là, cette India Quantum Ale pourrait prétendre au titre de boisson officielle de l’ex-bastion de l’industrie textile québécoise devenu l’une des capitales mondiales de cette technologie du futur. Celle-ci permettra notamment aux ordinateurs qui l’utiliseront (les particules y remplaceront alors les puces) d’effectuer des calculs incroyablement plus vite qu’un ordinateur classique.

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« Il y a peu d’écosystèmes dans le monde qui soit autant concentré et coordonné qu’ici », savoure Julien Camirand Lemyre. En plus d’avoir eu le bon goût d’inventer l’India Quantum Ale, ce docteur en ingénierie des micro-aimants a créé, en 2020, Nord Quantique, start-up canadienne symbole de l’effervescence qui règne à Sherbrooke.

Lancée début 2022 par le gouvernement québécois, la Zone d’innovation quantique vise, en rapprochant recherche et entrepreneuriat, à concrétiser les promesses de la technologie pour l’informatique, la cryptographie, les capteurs ou les matériaux. Pour cela, un espace de 4 600 mètres carrés finit d’être aménagé dans l’ancien siège du journal La Tribune, le quotidien de la région de l’Estrie. Les jeunes pousses peuvent y louer des bureaux, des salles de réunion et surtout des appareils ultramodernes qu’elles pourraient difficilement s’offrir pour leurs expérimentations, comme ces réfrigérateurs à dilution, dont le prix de vente unitaire se chiffre en millions d’euros.

L’Institut quantique de la faculté des sciences de l’université de Sherbrooke (Québec), le 13 septembre 2024.

Afin de trouver les meilleurs cerveaux, il leur suffit de remonter la colline vers l’Institut quantique. Fondée il y a quarante-cinq ans pour se démarquer des grandes universités montréalaises, comme McGill, qui lui faisait de l’ombre, l’école est une référence mondiale. Elle compte trois cents étudiants et trente-neuf professeurs, dont Alexandre Blais, la star canadienne de la spécialité. La présence à Bromont, à une heure de route de Sherbrooke, de la seule usine canadienne d’IBM, contribue aussi au rayonnement de la zone : le géant américain de l’informatique y a installé l’un de ses quatre ordinateurs quantiques en fonctionnement dans le monde.

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C’est ce « terreau fertile » qui a séduit Valérian Giesz, cofondateur et directeur général de Quandela, start-up française spécialisée dans l’ordinateur quantique, rencontré à Sherbrooke, vendredi 13 septembre, lors d’une visite à laquelle Le Monde était invité.

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