Mais qui était donc dans le « gourbi » ? Quel jour et à quelle heure ? Et surtout, qui y a dit quoi ? La cour d’assises spéciale de Paris s’est livrée, lundi 30 juin et mardi 1ᵉʳ juillet, à un drôle de jeu de pistes audio, une sorte de Cluedo acoustique visant à déterminer qui, parmi les cinq accusés, était présent dans la « salle de convivialité » du centre de détention de Condé-Sur-Sarthe (Orne) quand y a été évoqué le projet d’attentat que s’apprêtait à commettre l’un d’entre eux, Michaël Chiolo.
Cette salle, surnommée le « gourbi », dans laquelle les détenus peuvent se réunir pour socialiser, avait été sonorisée par le renseignement pénitentiaire. Après l’attaque au couteau perpétrée le 5 mars 2019 contre deux surveillants par Michaël Chiolo, un détenu radicalisé de 33 ans, et sa compagne, au sein de l’unité de vie familiale (UVF), les enquêteurs ont découvert que ce dernier y avait discuté de son projet avec plusieurs codétenus la veille et l’avant-veille de l’attaque.
La partie de Cluedo sonore a duré deux jours. Deux jours à écouter des enregistrements à peine audibles, puis à demander aux accusés s’ils s’y reconnaissaient. Autant l’avouer tout de suite : les journalistes et le public n’ont pas compris un traître mot sur les dizaines de pistes qui ont été produites à l’audience. Mais experts, enquêteurs et magistrats étaient parvenus durant l’instruction, en écoutant au casque des fichiers améliorés, à en proposer des retranscriptions et à attribuer des dialogues à chaque accusé.
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