Un soldat nigérian de la Force d’intervention conjointe multinationale, dans la base militaire de Monguno, dans l’Etat de Borno, au Nigeria, le 5 juillet 2025.

L’armée nigériane a déclaré, jeudi 23 octobre, avoir tué 50 djihadistes qui utilisaient des drones lors d’attaques contre des bases de l’armée dans le nord-est du pays, épicentre de l’insurrection islamiste qui perdure depuis 2009. Les forces nigérianes combattent depuis seize ans le groupe djihadiste Boko Haram et sa branche dissidente, l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), engagés dans une insurrection armée visant à instaurer un califat dans la région.

Jeudi matin, des militaires, appuyés par des avions de chasse, ont affronté des djihadistes qui avaient lancé des attaques coordonnées contre des bases situées dans les villes de Dikwa, Mafa et Gajibo, dans l’Etat de Borno, ainsi qu’à Katarko, dans l’Etat voisin de Yobe, selon un communiqué de l’armée. Le texte ne précise pas quelle faction djihadiste est à l’origine des attaques, mais des sources des services de renseignement ont fait savoir à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il s’agissait de combattants de l’Iswap.

« Les opérations conjointes au sol et dans les airs ont permis de neutraliser plus de cinquante terroristes sur l’ensemble des sites », a déclaré le lieutenant-colonel Uba Sani, un porte-parole de l’armée, cité dans le communiqué.

Des opérations terrestres et aériennes se poursuivent pour retrouver « plus de 70 djihadistes blessés », a-t-il ajouté, précisant que les troupes ont saisi plusieurs dizaines de fusils d’assaut kalachnikov, de mitrailleuses et de lance-roquettes. Des vidéos et photos consultées par l’AFP montrent des soldats posant devant les corps de plusieurs combattants djihadistes tués.

« Capacité persistante »

Le communiqué rapporte que plusieurs soldats ont été blessés, sans préciser leur nombre. « Des véhicules et des bâtiments ont également été détruits par les tirs des drones armés des terroristes et des lance-roquettes RPG [antichars] pendant les combats, notamment à Mafa et Dikwa, où une partie des défenses a été momentanément percée », a-t-il détaillé.

En Afrique de l’Ouest, les insurgés utilisent de plus en plus de drones, souvent des modèles commerciaux modifiés, pour larguer des bombes ou des grenades. L’insurrection djihadiste a fait plus de 40 000 morts et deux millions de déplacés dans cette région du pays le plus peuplé d’Afrique, selon l’Organisation des Nations unies.

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Elle s’est étendue ces dernières années dans les zones limitrophes au Niger, au Cameroun et au Tchad voisins, entraînant la création d’une coalition militaire régionale afin de combattre les islamistes armés. Les djihadistes ayant attaqué les bases de Gajibo et de Dikwa sont entrés par le Cameroun, selon un rapport de sécurité préparé pour les Nations unies et consulté par l’AFP.

Si les islamistes ont subi de lourdes pertes, notamment celle de cinq commandants, ils ont réussi à investir la base de Mafa et à la piller, après avoir contraint les troupes à se retirer pendant les combats, selon le rapport. Ces attaques mettent en évidence la « capacité persistante » de l’Iswap à attaquer l’armée dans le nord-est du pays, selon la même source.

Intensification des attaques

Un habitant de Mafa a montré à l’AFP des vidéos et des photos – qui n’ont pu être vérifiées de manière indépendante – montrant les carcasses calcinées de plusieurs camions, déclarant que les djihadistes y avaient mis le feu lors de l’attaque.

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Boko Haram et l’Iswap ont intensifié leurs attaques ces derniers mois, après une période d’accalmie. Début octobre, au moins sept militaires nigérians ont été tués lors d’une attaque de l’Iswap contre une base de l’Etat de Borno menée avec des armes lourdes, des lance-roquettes et des drones. Le 17 octobre, sept autres soldats, dont un commandant, ont été tués dans une embuscade de l’Iswap contre un convoi militaire dans le district de Konduga, dans le même Etat.

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Depuis 2019, l’armée a fermé plusieurs petites bases pour regrouper ses troupes dans des garnisons plus grandes et fortifiées, appelées « supercamps », censées mieux résister aux attaques. Mais cette stratégie, selon certains experts, a facilité la circulation des groupes armés dans les zones rurales, augmentant les risques d’enlèvements sur les routes.

Le Monde avec AFP

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