« Portrait de l’artiste peintre Emilie Charmy » (1908), de Pierre Girieud.

De Berthe Weill (1865-1951), l’histoire ne retient d’ordinaire que peu de faits. Que, galeriste, elle fut la première à proposer des Matisse et des Picasso à partir de 1900. Qu’elle n’en tira aucun bénéfice financier, ne pouvant les céder qu’à des prix modestes, et que ses peintres avaient l’ingrate habitude de la quitter dès qu’ils le pouvaient pour des marchands plus riches. Qu’elle exerça cette profession sa vie durant à Paris en dépit de bien des difficultés. Et qu’elle publia en 1933 ses Mémoires intitulés Pan !… dans l’œil !… Ou trente ans dans les coulisses de la peinture contemporaine (Bartillat, 2025), accumulation d’anecdotes. C’est fort peu pour une femme qui côtoya le fauvisme et le cubisme dès leurs débuts.

Il était donc nécessaire de lui consacrer des recherches, quête dont est issue l’exposition montrée à l’Orangerie à Paris après l’avoir été au Grey Art Museum de New York et au Musée des beaux-arts de Montréal. Elle doit beaucoup aux travaux de l’une des commissaires, l’historienne de l’art Marianne Le Morvan, qui a fondé les archives Berthe-Weill et écrit la première biographie de cette femme peu saisissable. Ainsi est-il possible désormais de connaître les détails de ses activités, la chronologie de ses expositions, l’étendue de ses curiosités. On peut aussi mesurer combien elle fut victime de deux haines, la misogynie et l’antisémitisme.

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