C’est un scrutin inédit, fruit d’une réforme impulsée par la gauche au pouvoir, qui s’ouvre au Mexique, dimanche 1er juin. Les bureaux de vote ont ouvert pour l’élection, sans précédent au monde, de tous les juges du pays, jusqu’aux neuf membres de la Cour suprême. Près de cent millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour désigner 881 juges et magistrats au niveau fédéral, et plus de 1 800 juges locaux.
Cette élection est la colonne vertébrale d’une réforme constitutionnelle lancée pour lutter contre ce que la gauche, au pouvoir, appelle « la corruption et les privilèges » du personnel judiciaire. « Aujourd’hui, nous n’allons pas seulement élire des personnes. Nous allons élire le type de justice que nous voulons pour notre pays », a déclaré la présidente de l’Institut national électoral, Guadalupe Taddei.
La lutte contre l’impunité est également un enjeu de la réforme du système judiciaire. Le Mexique, pays de 130 millions d’habitants, enregistre chaque année 30 000 homicides et compte six des huit bandes criminelles d’Amérique latine qualifiées d’« organisations terroristes » par le président des Etats-Unis, Donald Trump.
Un scrutin qui risque de peu mobiliser les Mexicains
La présidente de gauche, Claudia Sheinbaum, a parlé d’un « jour historique » en lançant samedi un dernier appel à voter. « Ceux qui souhaitent le maintien du régime de corruption et de privilèges au sein du pouvoir judiciaire disent que cette élection est truquée. Ils disent aussi que c’est pour qu’un parti politique s’approprie la Cour suprême », a-t-elle dit. « Rien de plus faux », a poursuivi la présidente, en assurant que cette élection inédite allait permettre l’avènement « d’un pouvoir judiciaire honnête, proche du peuple » qui n’aura été choisi « ni par la présidente, ni par les législateurs, mais par le peuple du Mexique ».
Des adversaires de la réforme ont convoqué une « marche nationale » dimanche. Ils dénoncent un risque de prise de contrôle de la justice par la gauche au pouvoir. Des inquiétudes portent également sur l’influence des cartels de la drogue sur le scrutin.
Elue avec près de 60 % des voix il y a un an, Claudia Sheinbaum bénéficie d’une cote de popularité d’environ 75 %, encore plus forte que celle de son prédécesseur et mentor politique Andres Manuel Lopez Obrador.
« C’est la première fois dans l’histoire. C’est pour cela que j’ai voulu participer à cette élection historique », a déclaré l’ancien président pour sa première réapparition publique depuis qu’il a transmis le pouvoir à Mme Sheinbaum le 1er octobre, après avoir promulgué la réforme.
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Au pouvoir depuis décembre 2018, le Mouvement pour la régénération nationale est largement majoritaire au Parlement et dans une vingtaine des 32 Etats mexicains. Mais malgré la popularité de la présidente, le scrutin risque de peu mobiliser les Mexicains, l’autorité électorale pronostiquant un taux de participation allant de 13 à 20 %.
La présidente a voté, en passant onze minutes et dix secondes à remplir les bulletins, a calculé la chaîne d’information Milenio TV, qui a mentionné la « complexité » de la procédure d’élection des juges à plusieurs échelons du pouvoir judiciaire. Un électeur doit en effet choisir les juges parmi des centaines de candidats.