Même au Japon, Fusako Kodama est un secret bien gardé. Après deux livres de photographie dans les années 1990, cette autrice japonaise discrète n’a rien publié, et son travail est « surtout connu des initiés », reconnaît Cécile Poimbœuf-Koizumi. Depuis une dizaine d’années, la fondatrice de la maison d’édition Chose Commune, qui a des racines françaises et japonaises, s’emploie à faire sortir de l’ombre des auteurs nippons méconnus.

C’est une unique image de Fusako Kodama, sur le stand de la galerie japonaise The Third Gallery Aya, à la foire Paris Photo en 2021, qui l’a convaincue d’avoir trouvé une pépite : « Il y avait une photo d’une femme sur un bateau, regardant au loin, avec un mélange d’ordinaire et de mélancolie, qui m’a frappée. » Trois ans plus tard, après un long travail sur les archives inédites de la photographe de 80 ans, elle publie l’ouvrage 1960-80, qui plonge avec délicatesse au cœur d’un Japon alors en transition.

Partout où elle va, c’est la vie quotidienne que capture Fusako Kodama, dans des images noir et blanc délicates et pleines de mouvement, dans lesquelles les passants continuent de vaquer à leurs affaires, le regard ailleurs, sans prêter attention à l’appareil photo, comme s’il n’était pas là. Loin des auteurs radicaux du groupe du magazine japonais Provoke, la photographe, dont le style évoque la street photography américaine, a travaillé à différents endroits de l’Archipel et a su, durant ces deux décennies cruciales, montrer de façon subtile les changements de société brutaux, pointant à la fois la culture traditionnelle préservée dans les campagnes, et l’influence occidentale grandissante dans les villes.

Attention particulière aux vêtements

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