Restée jusqu’alors confidentielle, l’œuvre étrange et foisonnante de Clemen Parrocchetti (1923-2016) a accroché le regard international à la foire Art Basel en 2024, sur le stand de la galerie berlinoise ChertLüdde. Depuis cette redécouverte sur le marché de l’art, plusieurs structures s’emploient à inscrire l’artiste italienne dans l’histoire de l’art : deux en Italie (à Bolzano, en début d’année, et, à l’automne, au Museo Novecento de Florence) et, en France, le FRAC Lorraine, Fonds régional d’art contemporain installé à Metz, toujours attentif aux figures marginales et méconnues.
Issue de l’aristocratie lombarde, Clemen Parrocchetti a pu concilier une trajectoire classique (un mariage et cinq enfants) tout en se formant à la peinture aux Beaux-Arts de Brera, à Milan, au milieu des années 1950. S’éloignant peu à peu de l’académisme, elle va questionner, au cours des années 1960, son milieu comme les rôles assignés aux femmes dans la société italienne, en soulignant dans ses œuvres l’absurdité du carcan social et religieux qui les enferme.
Son travail prend de l’ampleur dans les années 1970, lorsque l’artiste atteint la cinquantaine, quand il entre pleinement en collusion avec le mouvement féministe. Clemen Parrocchetti va alors s’attacher à développer un langage visuel pour son positionnement politique. Elle conçoit, en 1973, son Manifeste pour une culture des femmes, texte présentant les Italiennes comme un sous-prolétariat, brodé sur une plaque d’aluminium, qui ouvre l’exposition messine. En 1978, elle rejoint le collectif d’artistes Immagine, de Varèse (Italie), avec qui elle participe la même année à la Biennale de Venise.
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