« Annette », conception et mise en scène de Clémentine Colpin, au théâtre Le Rideau, à Bruxelles, en novembre 2023.

On ne peut que l’aimer Annette Baussart, et on l’aime beaucoup. Elle a 75 ans, le spectacle porte son prénom, et c’est un peu la « star » inattendue du Festival « off » d’Avignon. Spontanée, sensible, attachante, espiègle, pleine d’esprit, elle raconte sa vie, accompagnée de deux comédiennes et de deux danseurs, sur la scène du Théâtre des Doms, et son histoire fait l’effet d’un roman palpitant dont on dévorerait les pages.

Annette, c’est une héroïne populaire, dont le récit d’émancipation dessine en creux la mémoire de l’évolution de la vie des femmes depuis les années 1950. Elle a confié à la metteuse en scène Clémentine Colpin, au cours de nombreux entretiens, son vécu intime, ses choix, ses fragilités et ses combats. De ce riche témoignage proche de la confession est né un spectacle original et d’une grande fraîcheur qui évite les longs monologues. Déambuler dans les souvenirs d’Annette nous réconcilie avec le temps qui passe et nous pousse à regarder différemment les personnes âgées.

Il y a de la joie dans ce spectacle, grâce au franc-parler et à l’anticonformisme d’Annette, grâce aussi à une mise en scène aux allures de comédie musicale pour illustrer cette vie pas si ordinaire. Depuis l’enfance, Annette a toujours eu du mal avec le rôle que l’on a trop longtemps assigné aux petites filles, aux femmes, aux mères. Très jeune, elle n’aimait rien tant que danser sur Que sera, sera (1956), interprétée par Doris Day, et rêvait d’être Debbie Reynolds chantant Good Morning (1952). Plus tard, elle a travaillé dans un pool de dactylographie, puis dans une entreprise de textile.

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