« Dans mon équipe, tout le monde avait de l’eczéma ; moi, je faisais de la tachycardie. On avait tous en commun des semaines de 60, 70, 80 heures, des journées qui commençaient à 9 heures et finissaient à 2 heures du matin », décrit Ariane (tous les prénoms ont été modifiés), auditrice récemment partie d’EY après y avoir passé cinq ans.

Dans cette entreprise de 3 000 salariés, qui vérifie les comptes de grandes entreprises, la surcharge de travail est une constante. Selon un sondage mené par l’intersyndicale CFDT-CGT-CFTC-FO au début de 2023 auprès de 218 personnes, 25 % des salariés déclaraient dépasser cinquante heures de travail hebdomadaires plus de vingt semaines par an, et près de 90 % au moins cinq semaines.

C’est dans ce contexte que l’intersyndicale a annoncé le lancement d’un référendum : du 14 au 21 avril, les salariés seront invités à indiquer, par un lien qui leur sera envoyé sur LinkedIn, s’ils souhaitent le rétablissement de la limite hebdomadaire du temps de travail à 48 heures.

En cause, un accord d’entreprise, signé en 2021 entre la direction et la seule CFE-CGC, à l’époque majoritaire, qui permet aux cadres de dépasser le nombre maximal d’heures prévues par la convention collective, pour s’adapter aux périodes de forte activité, notamment en début d’année.

Le texte entérine la possibilité de dépasser 48 heures, puisqu’il crée des seuils à 50 et 58 heures : si un salarié les dépasse pendant plusieurs semaines rapprochées dans le temps, les ressources humaines doivent intervenir pour alléger la charge de travail. Rares sont pourtant les salariés à avoir été réellement aidés après avoir déclaré des durées supérieures à ces seuils.

« On m’a déjà demandé de travailler en arrêt-maladie »

L’intersyndicale a contesté en justice, puis a essayé de renégocier l’accord avec la direction, sans succès. Elle ne peut le dénoncer, faute du soutien de la CFE-CGC, qui reste un syndicat représentatif malgré une baisse lors des dernières élections professionnelles. Sans plus de précisions, la direction affirme que le dialogue social « a permis d’adapter les règles de l’entreprise à son environnement, et de nombreuses évolutions ont ainsi vu le jour ».

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