L’ex-président brésilien Jair Bolsonaro a échappé, jeudi 24 juillet, à la détention provisoire, mais la Cour suprême l’a averti qu’il irait aussitôt en prison s’il enfreignait de nouveau l’interdiction de ne pas s’exprimer en ligne à laquelle il est sujet. La Cour suprême doit boucler dans les prochaines semaines le procès de l’ex-chef d’Etat d’extrême droite (2019-2022), accusé d’avoir tenté d’empêcher l’investiture de Lula lors des élections de 2022.
En raison de soupçons de manœuvres pour faire obstruction à son procès, M. Bolsonaro, 70 ans, est visé depuis la semaine dernière par une interdiction de s’exprimer sur les réseaux sociaux, directement ou par le biais de tiers. Il est également contraint de porter un bracelet électronique.
Le juge du Tribunal suprême fédéral (TSF) Alexandre de Moraes, que Jair Bolsonaro a souvent qualifié de « dictateur », a estimé jeudi qu’une récente publication du parlementaire Eduardo Bolsonaro, le fils de l’ancien président, relayant une intervention de son père a été « une tentative de contourner » les mesures prises contre le leader du camp conservateur.
La publication en question, assortie de critiques du fils Bolsonaro contre la justice, relayait un extrait de vidéo dans lequel l’ancien président, présent lundi au siège du Parlement, montrait pour la première fois devant la presse son bracelet électronique et, sur un ton furieux, dénonçait une « humiliation maximale ». « S’agissant d’une irrégularité isolée et sans information sur d’autres infractions à ce stade », le juge a décidé d’écarter, pour l’heure, tout placement en détention provisoire. « La justice est aveugle, mais elle n’est pas idiote ! », a toutefois prévenu le magistrat dans le texte de sa décision.
Jusqu’à quarante ans de prison encourus
Eduardo Bolsonaro s’est installé il y a quelques mois aux Etats-Unis, où il plaide auprès de l’administration Trump pour qu’elle exerce des pressions en faveur de son père. Modèle de l’ancien président brésilien, Donald Trump a annoncé en juillet des droits de douane supplémentaires de 50 % sur les produits brésiliens, justifiant cette mesure punitive par une supposée « chasse aux sorcières » contre M. Bolsonaro.
L’enquête lancée par la Cour suprême contre Jair et Eduardo Bolsonaro vise à déterminer si la campagne menée par le camp Bolsonaro auprès de Washington relève d’une obstruction à la justice. Le juge Moraes avait donné un délai de vingt-quatre heures à la défense de l’ex-chef de l’Etat, sous peine de « prison immédiate », pour qu’elle s’explique sur la diffusion de ses déclarations lundi au Parlement, qui avaient été largement relayées par ses soutiens.
M. Bolsonaro « n’a en aucun cas été interdit de donner des interviews » et n’a donc « pas enfreint » la décision prise à son encontre, avaient répondu ses avocats. Ils avaient expliqué que l’ancien président n’avait pas été informé de son interdiction de s’exprimer par le biais des réseaux sociaux, une mesure qui avait suscité confusion et critiques, au sein de la mouvance bolsonariste mais aussi de la presse et des juristes.
La défense avait donc demandé au juge qu’il précise l’étendue des restrictions d’expression auquel l’ex-chef d’Etat est désormais soumis. Alexandre de Moraes a répondu jeudi que M. Bolsonaro n’est soumis à « aucune interdiction » d’accorder des entretiens ou de prononcer des discours. Selon lui, il est uniquement interdit d’utiliser les publications sur les réseaux sociaux comme un modus operandi pour faire obstruction à la justice.
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Déjà inéligible jusqu’en 2030 pour désinformation sur le système de vote électronique avant le scrutin de 2022, M. Bolsonaro clame son innocence et se dit victime de « persécution ». Si la Cour le juge coupable de tentative de coup d’Etat, il risque jusqu’à quarante ans de prison.