Dans le ciel du Bourget (Seine-Saint-Denis), le Rafale, l’avion de chasse de Dassault Aviation, peint en bleu, blanc et rouge pour l’occasion, multiplie les acrobaties, sous l’œil de milliers de smartphones. Dans les allées et les stands, on échange, discute, boit du champagne. Le salon international de l’air et de l’espace vient de s’ouvrir, lundi 16 juin, et les affaires ont déjà démarré, sans se soucier de l’incident politique et diplomatique qui est en train de se jouer quelques mètres plus loin.
Dans le hall 3, où sont réunis des exposants de plusieurs nationalités, les stands de cinq sociétés israéliennes du secteur de la défense (Aerospace Industries, Rafael, Uvision, Elbit Systems et Aeronautics) ont été fermés aux visiteurs, à la demande du gouvernement français. Des panneaux de contreplaqué recouverts d’un tissu noir ont été vissés dans la nuit pour empêcher l’accès aux stands et masquer les équipements exposés. Une poignée de CRS patrouille autour des stands. Mais l’ambiance est calme.
La situation à Gaza « moralement inacceptable » impose de marquer « réprobation » et « distance », a fait valoir lundi le premier ministre, François Bayrou, lors de l’inauguration du salon. « La France considère qu’il y a là une situation terrible pour les Gazaouis, une situation humainement et du point de vue humanitaire, du point de vue sécuritaire, extrêmement lourd. La France a tenu à manifester que les armements offensifs ne devaient pas être présents dans ce salon », a-t-il ajouté.
« Ségrégation »
« Le retrait des systèmes d’armes offensifs », demandé dimanche soir par les organisateurs du salon, « rompt avec les pratiques habituelles des expositions de défense dans le monde », a réagi le ministère israélien de la défense, qui dénonce une « ségrégation ». « Cette décision scandaleuse et sans précédent sent les considérations politiques et commerciales », a-t-il estimé. « Des entreprises israéliennes ont signé des contrats avec les organisateurs, ils ont payé (…) C’est comme créer un ghetto israélien (…) Je trouve cela scandaleux et cela doit être corrigé immédiatement », a déclaré lundi le chef de l’Etat israélien, Isaac Herzog, sur LCI.
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