
Dix suspects, ressortissants iraniens et libanais, seront jugés par contumace en Argentine pour l’attentat à la bombe contre les locaux de l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA) à Buenos Aires, qui avait fait 85 morts et des centaines de blessés en juillet 1994, a ordonné, jeudi 26 juin, un juge fédéral.
Dans un jugement auquel l’Agence France-Presse a eu accès, le juge Daniel Rafecas prend acte du caractère « exceptionnel » d’un procès par contumace, une procédure qui – jusqu’à il y a peu – n’existait pas en Argentine. Mais il considère qu’il « reste un outil qui permet, au moins, de tenter de découvrir la vérité, de reconstituer ce qui s’est passé ». Les autorités argentines suspectent depuis longtemps que l’attentat, jamais élucidé, a été commandité par l’Iran, avec l’appui opérationnel et logistique d’hommes du groupe armé chiite libanais Hezbollah. L’Iran a nié toute responsabilité dans l’attentat et a toujours refusé que ses responsables de l’époque soient interrogés.
Parmi les suspects – huit Iraniens et deux Libanais – figurent d’anciens responsables et diplomates iraniens, visés par des mandats d’arrêt depuis 2006. Des anciens ministres iraniens parmi lesquels Ahmad Vahidi (Intérieur), l’ex-chef des renseignements Ali Fallahian et un ancien ambassadeur en Argentine, Hadi Soleimanpour, comptent parmi les accusés.
L’Argentine a été par deux fois dans les années 1990 la cible d’attentats anti-juifs. En 1992, un attentat contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires avait fait 29 morts et plus de 200 blessés. En 1994, le pire attentat sur le sol argentin, à la voiture piégée, visait l’Amia.
La communauté juive en Argentine, avec près de 300 000 membres, est la plus importante d’Amérique latine.