Bénéficiant depuis le début de l’année d’annonces de performances 2024 attrayantes, qui souvent franchissent la barre des 3 %, les fonds en euros ont de nouveau le vent en poupe. Certes, leur rémunération moyenne, qui devrait rester proche des 2,6 % atteints l’an dernier pour l’exercice 2023 (soit 2,15 % après prélèvements sociaux de 17,2 %), n’a en soi rien d’exceptionnel. Cependant, face à un Livret A tombé à 2,4 % et au reflux conjoint de l’inflation et des taux courts, leurs rendements redorent le blason financier de ces supports au capital garanti, qui retrouvent une place de choix dans la panoplie des placements sécurisés et disponibles des Français. Les épargnants sont d’autant plus enclins à souscrire que les compagnies rivalisent d’arguments commerciaux pour les attirer dans leurs réseaux. En 2024, comme en 2023, les rémunérations servies aux assurés ont ainsi été souvent dopées par de généreuses promotions – des majorations de 100 à 200 points de base en moyenne, parfois bien davantage – dont il convient toutefois de bien mesurer la portée pour éviter les déconvenues.
« Il est important d’avoir en tête que les offres de taux boostés procèdent peu ou prou d’une même démarche quelque peu contradictoire, qui consiste à attirer les clients vers les fonds en euros tout en les poussant à diversifier leur contrat en souscrivant en parallèle des supports en unités de compte – UC – plus risqués », résume l’expert indépendant Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du site Good Value for Money (GVfM).
Cela fait en effet plusieurs années maintenant que les assureurs ont choisi de faire la part belle aux fonds diversifiés contenus dans leurs offres en pratiquant des politiques actives de bonification des rendements des fonds en euros des contrats multisupports les plus chargés en UC. La stratégie a d’ailleurs fonctionné et, aujourd’hui, les UC captent plus du tiers des nouveaux versements. Le but officiel est d’encourager les épargnants à prendre davantage de risque pour mieux rentabiliser leur contrat dans la durée tout en soutenant l’économie réelle. Mais, en réalité, les compagnies ont un intérêt spécifique à alléger la contrainte de mobilisation en fonds propres que leur impose la garantie en capital permanente des fonds en euros. Or, il n’est jamais inutile de le rappeler, l’épargne investie dans les UC, elle, n’est pas protégée : elle fluctue à la hausse comme à la baisse en fonction de la configuration des marchés où ces supports sont investis (+ 5,7 % de progression moyenne en 2023, par exemple, mais – 12 % en 2022).
Il vous reste 50.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.