Après la Syrie, la Libye ? Quand le régime de Bachar Al-Assad s’est effondré, le 8 décembre 2024 à Damas, les regards se sont aussitôt portés vers la Libye, où un autre autocrate, le maréchal Khalifa Haftar, maître de la Cyrénaïque (Est) et du Fezzan (Sud), est lui aussi adossé au soutien militaire russe.

Les vols de Chams Wing, compagnie syrienne privée, transférant à Benghazi – le fief du clan Haftar – des officiers de l’armée de Bachar Al-Assad en déroute, témoignaient d’un lien évident entre les deux théâtres. La connexion se nouait autour des intérêts partagés de deux oligarchies familiales, solidaires en russophilie comme en affairisme (notamment autour du trafic de captagon).

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L’effet domino n’a toutefois pas eu lieu. Le pouvoir bâti en Cyrénaïque par Khalifa Haftar, 81 ans, et ses fils (Saddam, Khaled et Belgacem) a survécu au séisme de Damas. La raison ? Loin de se désengager de la Libye, où elle avait établi des emprises depuis 2019-2020 sous l’ombrelle de Haftar, la Russie y a relocalisé certaines de ses forces, continuant ainsi à fournir une protection à ses affidés locaux.

Les vols d’avions-cargos, Iliouchine en particulier, se poursuivent depuis le 8 décembre vers les bases d’Al-Khadim (à l’est de Benghazi) et d’Al-Juffrah (350 kilomètres au sud de Syrte) à un rythme soutenu : « Une moyenne de quatre par semaine », selon une source diplomatique.

Un face-à-face stable

La chute du régime de Bachar Al-Assad a toutefois introduit une complication majeure. Privés de la plateforme syrienne, les avions russes arrivent désormais directement de Biélorussie et, à défaut de pouvoir survoler la Turquie (les agréments y sont plus difficiles), empruntent des voies détournées : mer Caspienne, Iran, Irak, Emirats arabes unis, canal de Suez.

En somme, des trajets beaucoup plus longs et coûteux, même si des escales à Lattaquié (Syrie) et des survols de la Turquie peuvent se produire ponctuellement (comme pour des appareils russes les 14 et 20 janvier). Tous les circuits ne semblent néanmoins pas identiques.

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