Quatre hommes ont été mis en examen puis placés en détention provisoire, vendredi 14 mai, à Paris, dans le cadre de l’enquête ouverte autour de l’enlèvement d’Amir Boukhors. Ils sont soupçonnés d’être liés à l’enlèvement, en 2024 dans le Val-de-Marne, de ce youtubeur de l’opposition au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a fait savoir le Parquet national antiterroriste (PNAT), à l’Agence France-Presse (AFP).
L’influenceur Amir Boukhors, connu sous le surnom d’« Amir DZ », avait été enlevé le 29 avril 2024 en région parisienne puis relâché le 1er mai. Trois hommes, dont un agent consulaire algérien, ont déjà été mis en examen à la mi-avril pour arrestation, enlèvement, séquestration, en relation avec une entreprise terroriste.
Conformément aux réquisitions du PNAT, les quatre hommes présentés vendredi à un juge antiterroriste ont été mis en examen pour participation à une association de malfaiteurs terroriste et arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivi de libération avant le septième jour en relation avec une entreprise terroriste.
Selon une source proche du dossier à l’AFP, ils sont âgés de 32 à 57 ans et il leur est reproché d’avoir participé directement à l’enlèvement, la séquestration et la détention de la victime. Selon deux sources proches du dossier, ils avaient été interpellés en région parisienne et placés en garde à vue mardi. Selon ces sources, ils sont présentés par l’accusation comme des exécutants, qui auraient agi contre rémunération et sans aucun mobile politique.
Sollicités par l’AFP, deux avocats de la défense, Camille Lucotte et Julien Fresnault, n’ont pas souhaité s’exprimer.
Un diplomate algérien mis en cause
Selon une source proche du dossier sollicitée par Le Monde, un diplomate algérien – accrédité en qualité de premier secrétaire de l’ambassade algérienne – a été étroitement mêlé aux préparatifs et à la supervision de l’enlèvement d’Amir DZ. D’après les bornages téléphoniques reconstitués par l’enquête de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à laquelle cette source a eu accès, le premier secrétaire – « S. S. », selon ses initiales – a été localisé les 21, 22 et 23 mars 2024, puis le 6 avril 2024, à proximité du domicile d’Amir DZ dans le Val-de-Marne ainsi qu’aux abords d’une brasserie que le cyberopposant fréquentait régulièrement. Cette présence répétée relevait de toute évidence de missions de repérage.
Selon la source du Monde qui a eu accès à l’enquête de la DGSI, son titre de premier secrétaire n’était en fait que la couverture de ses activités de sous-officier des services de sécurité extérieure algériens.
Installé en France depuis 2016, Amir Boukhors, 41 ans et un million d’abonnés sur TikTok, est un « irritant majeur dans la relation bilatérale avec l’Algérie », selon un rapport d’enquête de la DGSI. Il fait l’objet de neuf mandats d’arrêt internationaux d’Alger, qui veut le juger, notamment pour escroquerie et infractions terroristes. En 2022, la justice française a refusé son extradition et le pays lui a donné l’asile politique en 2023.