Lorsqu’il est parti de son domicile de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, en mai, avec sa famille, Maisara Mukhaimar, chercheur au Centre national de recherche agronomique de l’Autorité palestinienne, n’a pas emporté de couvertures. Il pensait s’exiler pour un mois ou deux pour fuir l’offensive israélienne frappant le sud de l’enclave. Il n’avait emporté que quelques vêtements chauds, car cet ancien doctorant en biologie de l’université Paris-Sud envisageait ensuite de quitter l’enclave pour la France. Un projet avorté en juin lorsque Israël a pris le contrôle total de la frontière entre Gaza et l’Egypte, privant l’enclave de tout contact avec le monde extérieur.
Depuis lors, Maisara Mukhaimar a trouvé refuge sous une tente à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande, relativement épargné par les frappes qui ont détruit 60 % du bâti du territoire. Mais il y a quelques jours, quand la pluie a commencé à tomber, il s’est mis en quête de louer une petite maison. Peine perdue : les loyers étaient trop chers. Les préparatifs d’un deuxième hiver de guerre à Gaza occupent les journées. Alors que le combustible devient de plus en plus difficile à trouver, les Gazaouis brûlent à présent les portes des maisons pour se chauffer. Et, avec la flambée des prix, la faim se répand. Vendredi 29 novembre, une femme et deux jeunes filles sont mortes dans une bousculade, devant une boulangerie de Deir Al-Balah.
Pour autant, Maisara Mukhaimar se réjouit du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, entré en vigueur le 27 novembre au Liban : « Je ne veux pas que d’autres vivent dans les mêmes conditions que nous. A Gaza, chaque jour, chaque heure, des gens meurent à cause de la guerre ou de la catastrophe humanitaire. Ce cessez-le-feu est une bonne chose, et j’espère que cela va arriver pour nous aussi. »
« Grande sympathie pour le Liban »
Les Gazaouis n’ont pas manqué de remarquer les concessions du Hezbollah. Le mouvement libanais, qui avait attaqué Israël le 8 octobre 2023, « en solidarité avec les Palestiniens », à la suite du massacre mené par le Hamas la veille en Israël, affirmait qu’il mettrait fin à son offensive lorsque l’Etat hébreu cesserait ses frappes meurtrières sur la bande de Gaza, qui ont fait plus de 44 000 victimes, selon les données du ministère de la santé du Hamas, corroborées par l’ONU. Mais le gouvernement israélien dirigé par Benyamin Nétanyahou est parvenu à forcer la main du Hezbollah en déconnectant les deux conflits. L’accord donne soixante jours au Hezbollah pour replier ses forces à une vingtaine de kilomètres de la frontière. En parallèle, les troupes israéliennes devront évacuer leurs positions dans le sud du pays et se réservent le droit de répliquer en cas de violation de l’accord de cessez-le-feu.
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