Livre. Lorsque les éditions Stock sollicitent Richard Malka pour leur collection « Ma nuit au musée », l’avocat de Charlie Hebdo fait une requête inattendue. Alors que les écrivains qui se sont jusque-là prêtés à cet exercice ont plutôt choisi des hauts lieux de la vie artistique – le Louvre pour Aurélien Bellanger, le Musée Picasso pour Lydie Salvayre… –, le défenseur de la libre pensée souhaite, lui, passer cette nuit blanche dans une nécropole. « Un truc d’adolescent, concède-t-il, ou alors, c’est l’habitude, depuis 2015 », depuis que la rédaction du journal satirique a été décimée par les frères Kouachi, le 7 janvier 2015, et qu’il a « perdu une famille pour des dessins de grands enfants ».

Son séjour parmi les morts, l’écrivain le passe au Panthéon. Cela fait longtemps que le monument, initialement bâti pour abriter les reliques de sainte Geneviève, la protectrice de Paris, n’est plus une église – on imaginerait mal l’auteur du Droit d’emmerder Dieu (Grasset, 2021) fantasmer sur une nuit dans un lieu de culte. S’il choisit ce monument, c’est pour avoir le privilège d’y apostropher, du crépuscule à l’aube, l’âme d’un autre pourfendeur de la religion qui s’y trouve inhumé : Voltaire (1694-1778). Richard Malka voit dans le philosophe des Lumières, virulent défenseur du protestant Calas et du jeune chevalier de La Barre accusé de blasphème, un maître à penser.

« Tu fais partie de ceux auxquels nous devons la laïcité », relève l’avocat, qui estime avoir « une dette à l’égard de la République, de ses principes révolutionnaires, de sa laïcité et de son universalisme ». Ce fils de juifs marocains ayant immigré en France est né « dans le pays du Panthéon, qui n’a regardé ni ses origines ni ses différences ».

Combat contre l’obscurantisme

Disciple de Robert Badinter (1928-2024) et de Georges Kiejman (1932-2023), l’auteur d’Après Dieu (Stock) déplore le « retour du religieux », égrenant au fil des pages les drames causés par les fous de Dieu depuis la fatwa visant Salman Rushdie (1989) et la diffusion d’un islamisme mondialisé, entre autres courants mortifères. L’homme de loi souligne l’effet néfaste de la religion au sens large, incluant tous les « ismes » dans des diatribes dont on peut parfois regretter le caractère globalisant. De fait, le fanatisme et la violence ne sont pas l’apanage de la seule sphère religieuse.

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