Une stèle en mémoire d’Ilan Halimi, et le tronc de l’olivier lui rendant également hommage, abattu à la tronçonneuse, à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), le 15 août 2025.

Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné, mercredi 22 octobre, deux frères jumeaux pour avoir abattu, mi-août à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), un olivier planté en mémoire d’Ilan Halimi. L’un a été condamné à huit mois de prison ferme, l’autre à huit mois de prison avec sursis.

Le tribunal les a déclarés coupables de destruction du bien d’autrui aggravée mais les a relaxés du fait de violation d’un monument dédié à la mémoire des morts commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion, estimant qu’il n’y avait pas assez d’éléments permettant d’établir que les deux hommes avaient conscience qu’il s’agissait d’un monument en la mémoire d’Ilan Halimi, jeune homme juif torturé à mort en 2006.

La procureure avait elle réclamé douze et quinze mois de prison, assurant que les deux hommes avaient « porté atteinte à la mémoire d’Ilan Halimi, parce que c’est un symbole ». L’abattage de l’arbre, survenu dans la nuit du 13 au 14 août, avait suscité une indignation unanime au sein de la classe politique. L’olivier avait été planté en 2011 au jardin d’Alcobendas d’Epinay-sur-Seine, ville d’un peu plus de 50 000 habitants, située à une dizaine de kilomètres au nord de Paris.

Brahim K., cheveux courts bouclés, vêtu d’une polaire grise, et Ismaël K., cheveux rasés, veste de sport noire sur le dos, n’ont quasiment pas parlé pendant l’audience. « Non, je ne sais pas qui il est », ont répondu en arabe les deux frères quand la présidente du tribunal les a interrogés sur Ilan Halimi.

Dans le téléphone d’Ismaël K., une vidéo de son frère jouant avec une tronçonneuse à proximité de la stèle et de l’arbre en mémoire d’Ilan Halimi, avait été retrouvée, tournée trois jours avant l’abattage.

« Pourquoi avez-vous filmé votre frère ? D’où venait la tronçonneuse ? », a demandé la présidente avec insistance. « C’était à un jardinier. Il voulait qu’on vérifie qu’elle fonctionnait », a répondu depuis le box et avec beaucoup de difficulté l’un des prévenus.

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Un procès sous le signe de la symbolique

Les deux frères avaient été interpellés quelques jours après les faits. Les enquêteurs avaient découvert que leurs téléphones bornaient dans le parc la nuit des faits. Leur ADN avait également été prélevé sur des morceaux de pastèque retrouvés le 14 août autour du tronc coupé, avait indiqué une source proche du dossier. Celle-ci avait relevé que la pastèque est depuis longtemps un fruit symbole de la résistance du peuple palestinien face à Israël.

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« Ce qui s’est passé dans le parc de cette petite ville de région parisienne, c’est un attentat contre la mort, un assassinat post-mortem. C’est lourd de symbolique cette volonté de gommer jusqu’à la mort au-delà de la mort », a dénoncé Mᵉ Alain Jakubowicz, qui plaidait pour la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), SOS Racisme et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF).

Pendant leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont dénoncé un dossier fragile à l’encontre de leurs clients « qui n’avaient qu’un an quand Ilan Halimi est mort ». « Ils savent comme tout le monde ce qui se passe à Gaza, mais leur affaire ce n’est pas le conflit en cours, leur affaire c’est de manger, trouver où dormir et recharger leur téléphone », a assuré Mᵉ Romain Ruiz.

Citoyen français de confession juive, Ilan Halimi, 23 ans, avait été séquestré et torturé en janvier 2006 à Bagneux (Hauts-de-Seine) par un groupe d’une vingtaine de personnes qui se faisait appeler le « gang des barbares », sous la direction de Youssouf Fofana. Découvert agonisant au bord d’une voie ferrée à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l’hôpital un peu moins d’un mois plus tard.

Deux autres arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, dont l’un portait sa photo, avaient été sciés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois. De nouveaux arbres ont depuis été replantés, y compris en septembre dernier à Epinay-sur-Seine.

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Le Monde avec AFP

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