
Le dessert de Noël cache une tradition oubliée, mais pratiquée massivement des siècles durant, consistant à faire brûler une bûche pendant la messe de minuit. C’est à partir d’une enquête sur cette pratique à la signification énigmatique que l’historien et anthropologue Anton Serdeczny, actuellement chercheur au Medici Archive Project à Florence, en Italie, propose de reconsidérer le concept de magie dans La Bûche et le gras. Une anthropologie historique de la magie de Noël (Champ Vallon, 296 pages, 24 euros).
En quoi la bûche de Noël est-elle un objet anthropologique ?
Cette enquête complète mon travail au long cours sur les traditions orales, souvent très différentes de celles de l’élite lettrée. Mon précédent livre sur l’histoire de la réanimation des morts [Du tabac pour le mort. Une histoire de la réanimation, Champ Vallon, 2018] explorait comment la médecine des Lumières s’était, à son insu, inspirée du carnaval et de la culture orale pour concevoir ses protocoles. La Bûche et le gras poursuit cette exploration en se focalisant sur le rituel de la bûche, dont le sens profond constitue une énigme. Il s’agit d’une tradition de Noël qui a été centrale pour la majorité de la population jusqu’à récemment : celle-ci est attestée du XIIe au XXe siècle dans la plupart des régions françaises, ainsi que dans toute l’Italie, pays sur lesquels je centre mon travail, et ailleurs en Europe.
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