Anousha Nazari, en 2023.

Dans le programme aux allures de promenade matinale qu’elle donnera les 28 et 29 juin dans le cadre du Festival des forêts, près de Compiègne (Oise), en compagnie du guitariste Antoine Morinière, Anousha Nazari révèle un penchant pour les musiques « sombres », qui, selon elle, résulte de sa « nature plutôt mélancolique ». La mezzo-soprano iranienne de 35 ans y aborde des airs connus de John Dowland, Georg Friedrich Haendel et Barbara Strozzi avec une sensibilité très personnelle, bien qu’elle avoue s’inspirer parfois de chanteuses à fort tempérament, telles que Patricia Petibon et Mariana Flores.

Elle-même n’en manque pas et impressionne par l’intensité, vocale et théâtrale, qui caractérise ses interprétations. En particulier lorsqu’il s’agit d’une mélodie persane, Tâ bé kéy azâr, d’Abdulkader Maragi, composée au XVe siècle sur un texte anonyme qui apostrophe un être cher, « l’aimé sans vérité, l’ami sans pitié », et lui demande jusqu’à quand durera « le tourment » qu’il a engendré. Anousha Nazari fait tressaillir cette supplique avec des accents de tragédienne orientale que l’on suppose acquis depuis l’enfance, à l’écoute de chansons iraniennes. Un grand éclat de rire en guise de réponse suffit à invalider notre hypothèse. Fille d’un avocat, qui pratiquait la peinture en amateur tout comme son épouse, et d’une mère responsable de la comptabilité du barreau, Anousha Nazari garde un souvenir plutôt négatif de la musique traditionnelle de son pays. « Enfant, je me réveillais, le week-end, au son des musiques folkloriques que mon père écoutait, et ça me mettait en colère… »

Il vous reste 65.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version