L’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, arrive à l’abbaye du Mont-Saint-Michel, le 1ᵉʳ mai 2008, pour participer à une messe.

Il est des archevêques de Paris qui ont laissé un nom à l’histoire : Mgr Affre, mort sur les barricades en 1848, Mgr Darboy, fusillé par la Commune en 1871, le cardinal Suhard (1879-1949) sous l’Occupation, le cardinal Lustiger (1926-2007), un petit juif parisien converti qui a écrasé l’Eglise de son influence, sa culture, sa présence médiatique, ses accents prophétiques. Et il y a ceux qui furent de bons administrateurs, plus appliqués à amortir les coups qu’à les anticiper et innover. C’est le souvenir que laissera le cardinal André Vingt-Trois, mort vendredi 18 juillet à 82 ans, selon l’actuel archevêque. Un « second couteau », rond et madré qui, malgré une absence totale de charisme, fera souvent taire les mauvaises langues et accomplira un parcours presque sans faute.

Jean-Marie Lustiger, qui démissionne en 2005 de sa charge parisienne, ne s’est jamais vu d’autre successeur que ce prêtre parisien au parcours aussi banal que le sien fut singulier, seul capable de le rassurer et de conserver son héritage. A quelques semaines de la mort de Jean Paul II, le cardinal se rend au chevet du pape pour imposer le nom de son dauphin dans les cercles romains sceptiques sur la capacité d’André Vingt-Trois à gouverner un diocèse aussi crucial que Paris. Médisances et perfidies ont longtemps accompagné sa nomination jusqu’aux obsèques à Notre-Dame, le 10 août 2007, de son prédécesseur et ami, devant les plus hautes autorités de la République, de l’Eglise et de la communauté juive.

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