« Les gens peuvent passer toute leur vie à gravir l’échelle de la réussite pour s’apercevoir, une fois arrivé au sommet, qu’elle n’était pas placée contre le bon mur », a écrit la romancière galloise Allen Raine (1836-1908). C’est avec cette citation que débute le dernier livre de l’essayiste néerlandais Rutger Bregman, Ambition morale (Seuil, 304 pages, 22,90 euros), un livre incisif, ponctué de maximes de ce genre, de graphiques, pour inciter à l’action.

Heureusement, il y a bien quelques audacieux qui ont, à travers les âges, placé leur échelle contre le « bon mur », remarque l’auteur. Il revient ainsi sur l’histoire de brillants activistes, scientifiques, avocats, entrepreneurs et lanceurs d’alerte qui, dans l’ombre ou dans la lumière, ont mené victorieusement des combats, de l’abolition de l’esclavage à la bataille pour les droits civiques, du féminisme aux enjeux de santé.

Etaient-ils faits d’une étoffe différente de la nôtre ? Non, répond l’essayiste, avant d’inviter le lecteur à l’action : l’état du monde est alarmant, alors « soyez un aïeul illustre ! ». L’engagement est urgent, plus aujourd’hui qu’à d’autres époques. Pourquoi ? Parce que, analyse l’auteur, notre ère est unique, sinon décisive : nous traversons une période de mutations radicales, ce qui nous donne à nous, humains, vivant par hasard au XXIe siècle, un « pouvoir inédit pour façonner l’avenir ». C’est dans cette optique que Rutger Bregman a cofondé, en 2023, aux Pays-Bas l’organisation non gouvernementale The School for Moral Ambition, une école pour les hauts potentiels en quête de reconversion, qui cherchent à mettre leur expérience au service du bien commun.

« Ambition morale », de Rutger Bregman (Seuil, 304 pages, 22,90 euros)

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