Dans ses tentatives tous azimuts pour éteindre l’incendie de l’affaire Epstein, l’administration Trump a dépêché, jeudi 24 juillet, un haut responsable, ancien avocat de Donald Trump, pour interroger Ghislaine Maxwell, complice de Jeffrey Epstein, en Floride, où elle purge sa peine de prison.
La mort de Jeffrey Epstein, riche homme d’affaires retrouvé pendu dans sa cellule à New York le 10 août 2019 avant d’être jugé pour crimes sexuels, a alimenté d’innombrables théories du complot selon lesquelles il aurait été assassiné pour empêcher des révélations embarrassantes sur des personnalités de premier plan.
Donald Trump, qui pendant des mois a promis à sa base des révélations explosives sur ce dossier, subit un retour de flamme, y compris dans son propre camp, depuis que son gouvernement a annoncé début juillet n’avoir découvert aucun élément nouveau qui justifierait la publication de documents supplémentaires. Le ministère de la justice et le FBI, la police fédérale, ont conclu qu’il n’existait aucune preuve de l’existence d’une liste secrète de « clients » de Jeffrey Epstein et confirmé qu’il s’était bien suicidé.
Dans ce contexte tendu, le numéro deux du ministère de la justice et ancien avocat personnel de Donald Trump, Todd Blanche, a rencontré Ghislaine Maxwell, ex-compagne et collaboratrice de Jeffrey Epstein, à Tallahassee, capitale de la Floride, où elle purge une peine de vingt ans de prison pour trafic sexuel.
Todd Blanche a « pris toute une journée et a posé beaucoup de questions, et Mme Maxwell a répondu à toutes les questions », a déclaré son avocat, David Markus, à l’issue de la rencontre au tribunal de Tallahassee. Elle a répondu « honnêtement et autant qu’elle le pouvait », a-t-il ajouté sans autre précision, se refusant à dire si une nouvelle rencontre était prévue.
« Corruption à plein nez »
« Si Ghislaine Maxwell a des informations sur toute personne qui a commis des crimes ou des délits sur des victimes, le FBI et le ministère de la justice écouteront ce qu’elle a à dire », avait déclaré mardi Todd Blanche en annonçant son intention de la rencontrer prochainement.
Elle a été condamnée en 2022 pour avoir recruté entre 1994 et 2004 des jeunes filles mineures afin qu’Epstein les exploite sexuellement.
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Cette entrevue hautement inhabituelle entre le numéro deux du ministère de la justice et une personne condamnée dans un dossier clos suscitait de nombreuses questions parmi les experts juridiques et les détracteurs de l’administration Trump.
« Envoyer l’avocat personnel de Donald Trump, Todd Blanche, interroger Ghislaine Maxwell alors qu’elle est en prison, une femme qui a été reconnue coupable d’avoir exploité des personnes, pour lui proposer un marché malhonnête afin qu’elle disculpe Donald Trump sent la corruption à plein nez », a dénoncé le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Le 14 juillet, le ministère de la justice s’était opposé à son recours devant la Cour suprême pour obtenir l’annulation des poursuites qui ont amené à sa condamnation. Mais il semble avoir changé de ton à l’égard de la complice de Jeffrey Epstein.
Entre-temps, le Wall Street Journal a fait état la semaine dernière d’une lettre salace attribuée à Donald Trump à l’intention de Jeffrey Epstein en 2003 pour le 50e anniversaire du financier, dont il était alors très proche. Le président américain a catégoriquement démenti et poursuit en diffamation le quotidien.
Faisant feu de tout bois, le locataire de la Maison Blanche a également tenté de détourner l’attention en ciblant son prédécesseur démocrate Barack Obama, accusé d’avoir orchestré les accusations d’ingérence russe dans l’élection de 2016, remportée par Donald Trump. Un contre-feu qui révèle à quel point l’affaire Epstein embarrasse l’exécutif et divise la droite américaine.
La Chambre des représentants a été paralysée cette semaine par la tentative d’un élu républicain, appuyé par les démocrates, de forcer un vote sur une résolution appelant à la publication des documents judiciaires sur le financier déchu. Mais le président républicain de la Chambre basse, Mike Johnson, a fait en sorte de bloquer ce vote, invoquant la nécessité de protéger les victimes. Face à cette paralysie, les responsables républicains ont décidé d’envoyer dès mercredi les élus en vacances pour tout le mois d’août, un jour plus tôt que prévu.