A première vue, c’est un procès tragiquement banal qui s’ouvre à Nice, à partir du lundi 2 juin. Au terme d’une semaine d’audience, la cour d’assises des Alpes-Maritimes devra répondre à cette question : Christian Séguin s’est-il rendu coupable, en 2020, de tentative d’assassinat sur sa femme et leurs deux enfants, alors âgés de 3 et 6 ans ? Trois juges professionnels et six jurés populaires vont se confronter à une affaire bien plus épineuse qu’elle n’y paraît au premier abord.
Tout a commencé par une déflagration, dans la nuit du 9 août 2020. Les pompiers sont appelés après une explosion au gaz dans le garage d’une villa d’un quartier résidentiel, à Antibes (Alpes-Maritimes). Sur place, aucun blessé parmi les quatre occupants de la maison, qui dormaient au rez-de-jardin, un étage au-dessous du garage. Mais Christian Séguin, père de famille de 68 ans, locataire des lieux, attire vite l’attention des enquêteurs, qui le soupçonnent d’avoir joué un rôle central dans ce drame évité de peu.
Le 11 août, devant une juge d’instruction, cet ancien chef d’entreprise, sans emploi, confie qu’il était « à bout financièrement ». Il explique avoir drogué femme et enfants, avant d’ouvrir deux bouteilles de gaz au niveau des chambres, au rez-de-jardin. Puis il est monté dans le garage, au rez-de-chaussée, pour « préparer la [s]ienne ». Il ajoute avoir ensuite renoncé en entendant son fils se réveiller : « Je me suis dit : “Ce n’est pas possible, je ne peux pas lui faire de mal.” » Il assure avoir refermé toutes les bouteilles de gaz puis être allé se coucher. Selon son récit, il dormait lorsque l’explosion a eu lieu, peu après 3 heures.
Mis en examen pour « tentative de meurtre », Christian Séguin est incarcéré à la maison d’arrêt de Grasse, où il tente de se suicider, le 14 août 2020. Ce jour-là sont retrouvés dans sa cellule plusieurs courriers écrits à ses proches, dans lesquels il confirme ce qu’il a dit à la juge. Mais très vite, il va revenir sur cette version : il nie avoir jamais voulu tuer sa famille. Depuis plus de quatre ans, il l’assure : il voulait se suicider tout seul, en inhalant du gaz. Les magistrates ne l’ont pas cru et le chef d’accusation a été aggravé en « tentative d’assassinat », la préméditation ayant été retenue.
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