
La FNSEA, les Jeunes Agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne vont être reçus, mardi 23 décembre à 16 h 30, par Emmanuel Macron à l’Elysée sur l’accord UE-Mercosur, ont annoncé les différents syndicats à l’Agence France-Presse (AFP). C’est la première rencontre entre le chef de l’Etat et les syndicats depuis le début, au début de décembre, de la crise qui secoue l’élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). « Le message de la FNSEA au président de la République restera inchangé, ferme et clair : Mercosur = NON », a dit le syndicat dominant dans une déclaration à l’AFP, une position qui fait l’unanimité au sein du monde agricole français malgré des disparités entre les organisations syndicales.
L’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, réunis samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu (Sud), espéraient parapher le traité, tout comme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et la plupart des pays européens. Mais cette signature a été reportée – au 12 janvier, selon plusieurs sources diplomatiques – face à la colère des agriculteurs européens, notamment en France et en Italie.
Plusieurs milliers d’agriculteurs avaient déferlé sur Bruxelles jeudi pour protester contre le texte, qui faciliterait l’entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées. Il permettrait, en revanche, aux Européens d’exporterplus de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.
« Nous ne nous contentons pas de nous opposer à cet accord. En l’état, nous obtenons des concessions inédites au bénéfice de nos agriculteurs, que cet accord soit signé ou qu’il ne le soit pas », a déclaré lors des questions au gouvernement, mardi, le ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, citant des « mesures miroirs pour garantir la réciprocité », des « contrôles douaniers » et des clauses de sauvegarde.
« Ici, les gens peuvent exprimer leur mal-être »
En parallèle, la mobilisation agricole se maintient sur les derniers barrages à l’approche de Noël, onze jours après le début du mouvement dans le Sud-Ouest. A Carbonne, au sud de Toulouse, le barrage sur l’A64 a des allures de marché de Noël, avec ses sapins et ses guirlandes accrochées aux barnums. En guise de décorations, les sapins arborent des cartouches vides de lacrymo, ramassées, selon les éleveurs aux Bordes-sur-Arize, à la ferme ariégeoise où l’abattage de plus de 200 vaches après la découverte d’un cas de DNC a mis le feu aux poudres.
« Ici, les gens peuvent exprimer leur mal-être », confie Jérôme Bayle, figure de la mobilisation agricole de janvier-février 2024. C’est le cas d’un agriculteur de 55 ans qui vient chaque jour. « Lui, il s’est mis à pleurer, en disant “Sans le barrage, la mobilisation, j’aurais fait une connerie avant Noël et je n’aurais pas vu Noël” », relate M. Bayle.
Les éleveurs réclament toujours l’arrêt de l’abattage systématique des troupeaux lorsqu’un cas de DNC est signalé et le rejet de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur. Ils jurent qu’ils passeront Noël sur l’A64 s’ils n’ont pas gain de cause. Trois prêtres ont même proposé d’y célébrer une messe mercredi soir, selon un responsable agricole de Haute-Garonne.
Des moments festifs pour « durer plus longtemps »
Le week-end dernier, c’est un DJ qui a posé ses platines au barrage de Cestas (Gironde) sur l’A63, au sud de Bordeaux, où une fête a été organisée. « Les sympathisants passent, donc ça remonte le moral des troupes », affirme le coprésident de la Coordination rurale de Gironde (CR33), Ludovic Ducloux. « Le côté festif, ça permet de durer plus longtemps. Mais pas tous les soirs non plus. Il ne faut pas qu’il y ait de débordements et que ça reste bon enfant », résume à l’AFP le porte-parole de la CR33, Jean-Paul Ayres.
A l’image de leurs confrères de Carbonne, de Cestas ou encore de Baraqueville (Aveyron), les agriculteurs qui bloquent l’A64 à Briscous (Pyrénées-Atlantiques) sont prêts à sacrifier le réveillon pour obtenir satisfaction, convaincus pour beaucoup que rien ou presque n’a changé depuis leur mobilisation de l’hiver 2024.
Le Monde Guides d’achat
Gourdes réutilisables
Les meilleures gourdes pour remplacer les bouteilles jetables
Lire
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
Newsletter
« La revue du Monde »
Chaque week-end, la rédaction sélectionne les articles de la semaine qu’il ne fallait pas manquer
S’inscrire
Le Monde Jeux
Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés.
Jouer
Newsletter abonnés
« La lettre éco »
Le regard du « Monde » sur l’actualité économique du jour
S’inscrire
Newsletter abonnés
« La lettre des idées »
Votre rendez-vous avec la vie intellectuelle
S’inscrire
Newsletter abonnés
« La lettre éco »
Le regard du « Monde » sur l’actualité économique du jour
S’inscrire
« Si on commence à lâcher maintenant pour les fêtes de fin d’année, ils vont croire qu’on est faibles. Là, on y va vraiment jusqu’au bout. On reste là, et on persiste », avertit Maxime Terrien, chauffeur dans les travaux publics de 25 ans, qui accompagne les agriculteurs en colère depuis le premier jour. Comme lui, plusieurs dizaines de citoyens se relaient sur le barrage pour permettre aux agriculteurs de souffler et de s’occuper de leur ferme. « Il y a des gens qui ne sont pas du monde agricole. Ils s’occupent de faire les repas », expose Xan Michelema, petit-fils d’agriculteurs de 20 ans, qui dort sur le barrage depuis onze jours.
« Il y a beaucoup de soutien, notamment sur les réseaux sociaux », souligne Camille Fosse, sandwich de saucisse à la main, alors qu’un convoi d’agriculteurs a fait doubler le nombre de tracteurs sur le barrage, lundi. L’ouvrière agricole de 21 ans travaille pour cinq fermes à Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques), à quarante kilomètres du barrage. « Mes patrons m’ont dit : “Tu ne viens pas travailler aujourd’hui, mais tu vas nous représenter sur le barrage.” »



