« Un SDF dans la salle d’attente du service des urgences de l’Hôtel-Dieu », Paris, 2003, Jean-Louis Courtinat.

Jean-Louis Courtinat détonne au festival Visa pour l’image de Perpignan. Lui n’a jamais rêvé, contrairement à la plupart des photojournalistes, de reportages ou d’aventures dans des pays lointains. « J’ai toujours travaillé à ma porte. Je suis très limité comme photographe ! », résume, dans un sourire, ce grand bavard, en short et baskets. L’éditeur Robert Delpire, qui a publié plusieurs de ses livres, l’avait même surnommé « photographe d’intérieur » pour sa propension à se glisser dans l’intimité des gens.

En quarante ans de carrière, il s’est quasiment toujours cantonné au territoire français, où il est devenu l’apôtre de la photographie sociale, pointant inlassablement son objectif sur le quotidien des exclus, des invisibles. A Perpignan, une exposition au Couvent des minimes, en forme de minirétrospective, et le prix Visa d’or des solidarités viennent saluer son obsession pour les plus fragiles : sans-domicile fixe, personnes âgées en fin de vie, malades psychiatriques, handicapés…

Une seule fois, le photographe s’est aventuré en Roumanie, au début des années 2000, pour un reportage dans un orphelinat rempli d’enfants affamés et battus, survivant dans des conditions atroces. « J’ai totalement perdu pied. Je ne pouvais pas communiquer avec eux, je ne pouvais pas les aider, explique-t-il. Pour la première fois, j’ai eu la sensation d’être un voyeur. Je ne l’ai jamais refait. »

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