« Il est interdit de jeter de la boue, de la vase et des objets dans le réseau des égouts. » Ce vendredi 6 décembre, un haut-parleur, installé sur le toit d’un véhicule militaire, diffuse ce message d’alerte en boucle dans les rues poussiéreuses et semi-désertes de Paiporta, épicentre des tragiques inondations qui ont ravagé la région de Valence le 29 octobre dernier, et dont le bilan s’élève à 222 morts et 4 disparus. Près de quarante jours ont passé depuis les crues provoquées par des pluies torrentielles en amont, qui ont dévasté plusieurs villes de la banlieue sud de Valence. Et la vie est loin d’avoir repris son cours normal.
Des centaines d’habitants ont abandonné leurs maisons, dévastées, pour se réfugier chez des proches. Les enfants viennent à peine de reprendre les cours. Les commerces, ruinés, restent à de rares exceptions fermés, renvoyant l’image d’une ville fantôme, parcourue par des militaires omniprésents. Les soldats sont affairés au nettoyage des bâtiments et au retrait des véhicules sinistrés, alors que la boue séchée est devenue un problème de santé publique.
En surface, une couche de poussière ocre recouvre les chaussées et les épaves des voitures emportées par la force d’une vague de trois mètres de haut débordant du ravin du Poyo. Et des nuages chargés de particules rougeâtres sont soulevés à chaque passage de voiture ou coup de vent, irritant les voies respiratoires des habitants.
Priorité de l’administration
L’administration a conseillé aux habitants le port de masques FFP2. « La petite voisine de l’escalier 3, une petite fille de 7 ans asthmatique, est allée cinq fois aux urgences », affirme Angelica Garcia, présidente de la communauté de copropriétaires d’une résidence d’immeubles, dont le vaste parking souterrain reste gorgé de vase. « J’ai trouvé des petits vers noirs sur mes murs. Ils montent du garage. Malgré les radiateurs, je n’arrive pas à faire partir l’humidité », ajoute Maité Barnès, une voisine de 43 ans, mère de trois enfants, qui a tout perdu après l’inondation de son appartement, situé au rez-de-chaussée.
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