Au bord du fleuve Hai He, à Tianjin, dans le nord-est de la Chine, le 11 août 2025.

Les soirs d’été, le fleuve Hai He qui fend le centre de Tianjin déborde d’insouciance. Les Bateaux-Mouches vont et viennent, éclairés par une dizaine de gratte-ciel en surplomb. Sur une berge, des riverains à la retraite installent leurs karaokés. Sur l’autre, entre le pont de la Libération et une réplique du pont Alexandre-III, d’étonnants étals à liqueurs s’alignent, entourés de tables et de chaises de camping. Le tout s’évapore à la moindre ronde policière, avant de se reformer.

Les tauliers de ces bars clandestins ont entre 20 et 27 ans, démarrent dès 20 heures et finissent aux premières lueurs du jour. Leurs cartes des boissons sont identiques, leurs tarifs aussi : 48 yuans (5,70 euros) le gobelet. Derrière leurs shakers, cette même précarité : tous sont diplômés, mais au chômage ou occupant un emploi de jour mal payé, éloigné de leurs compétences.

Xiao Hong, 25 ans, lit du Mo Yan, le Prix Nobel de littérature chinois, en attendant les clients. Deux fois par soir, un homme en scooter électrique lui jette un sac de glaçons, tend un QR code pour se faire payer et disparaît sans un mot. Avec son master en commerce international décroché au sortir de la pandémie de Covid-19 à l’université de Nankai, à Tianjin, Xiao Hong se voyait cheffe de projet ou responsable export dans une grosse entreprise. Elle a vite déchanté.

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