Le stand de la maison d’édition Passaggio al Bosco, au salon national de l’édition pour les petites et moyennes entreprises, Piu libri piu liberi, à Rome, le 4 décembre 2025.

Le SS belge Léon Degrelle (1906-1994), le fasciste britannique Oswald Mosley (1896-1980) et Corneliu Zelea Codreanu (1899-1938), chef de la Garde de fer roumaine, avaient en commun le goût des uniformes, la joie de marcher au pas et, surtout, une haine dévorante des juifs. Près d’un siècle après eux, des personnalités comme le masculiniste païen américain Jack Donovan, l’essayiste français François Bousquet, diffuseur du concept de « racisme anti-blanc », ou Martin Sellner, le concepteur autrichien d’un plan de « remigration » voué à rendre l’Europe ethniquement homogène, doivent tous quelque chose à ces pionniers de l’internationale fasciste. Or il existe un lieu qui réunit ces hommes, et bien d’autres encore, criminels de guerre et occultistes, par-delà le temps et l’espace. Il s’agit du catalogue de la maison d’édition néofasciste florentine Passaggio al Bosco, qui évolue dans l’orbite du parti de Giorgia Meloni. Leurs noms et leurs portraits peuplent des couvertures flatteuses, aux graphismes impeccables, qui se trouvent désormais au cœur d’une confrontation sur l’identité même de la démocratie italienne.

Sa présence à la foire du livre de Rome, Piu libri piu liberi, consacrée à l’édition indépendante, depuis jeudi 4 décembre, au centre de congrès La Nuvola, a précipité les crispations. Si les organisateurs ont jugé suffisante la signature par les éditeurs néofascistes d’un document qui les engage à adhérer aux valeurs de la Constitution républicaine et à la Déclaration universelle des droits de l’homme, certains écrivains et éditeurs ne se contentent pas d’un tel contresens. Emmenés par l’historien Alessandro Barbero, avec l’auteur d’une saga sur Benito Mussolini, Antonio Scurati, et le bédéiste immensément populaire Zerocalcare (de son vrai nom Michele Rech), 89 professionnels du livre ont dénoncé l’accueil d’une organisation dont ils pointent une ligne éditoriale fondée sur « l’exaltation de figures du panthéon nazi, fasciste et antisémite ».

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