Le 8 décembre 2024, jour de la chute de Bachar Al-Assad, Ibrahim Cheikh Nabi, un Kurde travaillant dans le milieu associatif, a entendu l’écho des célébrations sur la place Al-Naïm de Rakka. Mais il n’avait pas vraiment le cœur à s’y rendre. « Je ne me sentais pas le bienvenu, j’étais dévoré par l’angoisse », confie ce diplômé en droit de 35 ans, rencontré mi-janvier, dans son bureau.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) à Damas, la domination des Forces démocratiques syriennes (FDS), majoritairement kurdes, dans le Rojava, région autonome kurde du nord-est de la Syrie, est de plus en plus contestée, en particulier dans les villes à majorité arabe, comme Rakka, ancienne capitale de l’organisation Etat islamique (EI). Les FDS ont déjà été délogés de Tall Rifaat et de Manbij, deux localités principalement arabes, par l’Armée nationale syrienne (ANS), une coalition d’ex-brigades rebelles soutenue par la Turquie.

Avec le renversement de Bachar Al-Assad, de nombreux Arabes du Rojava revendiquent une gouvernance affiliée à HTC et une réintégration de leur localité dans une Syrie unifiée, ce qui accentue le sentiment d’insécurité des Kurdes dans ces zones. « Le jour de la chute de Bachar Al-Assad, je n’avais pas le cœur à faire la fête. Je m’attendais déjà à ce que les tensions entre Kurdes et Arabes s’accroissent. Ces derniers ne nous aiment pas et veulent se débarrasser de nous », affirme Ibrahim Cheikh Nabi.

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