Depuis le 6 février, l’école française dispose officiellement d’un programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité (Evars). Ce texte, paru au Bulletin officiel de l’éducation nationale, est le fruit d’un patient exercice d’équilibriste. Le ministère a dû composer avec la défiance des milieux conservateurs, de la droite catholique et de l’extrême droite, qui jugent que ces enseignements n’ont rien à faire à l’école, tout en s’attachant à faciliter le travail des enseignants, jusqu’alors dépourvus de ressources pour dispenser les trois séances annuelles d’Evars, obligatoires depuis la loi de 2001 mais rarement effectuées dans les faits. Selon un rapport officiel de 2021, « moins de 15 % des élèves bénéficient de trois séances d’[éducation à la sexualité] pendant l’année scolaire en école ou au lycée (respectivement moins de 20 % au collège). »

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Ce programme, qui installe l’Evars comme une matière scolaire presque comme les autres à compter de septembre 2025, en rappelle les attendus de la maternelle à la terminale, tels que « l’apprentissage du respect de l’intimité corporelle », « l’égalité entre femmes et hommes », « la lutte contre les discriminations » sur le genre et l’orientation sexuelle, l’éducation au « principe de consentement » et la contribution « au repérage de l’inceste ». Pour les professeurs, éducateurs et infirmières scolaires amenés à intervenir auprès des élèves sur ces sujets, cet outil supplémentaire est bienvenu pour battre en brèche les idées reçues et les résistances à l’égard de l’Evars. Mais surtout pour mieux répondre aux interrogations des enfants et des adolescents.

En primaire : les émotions, l’intimité et les bases de l’égalité filles-garçons

Dans les classes de primaire, certains enseignants s’attellent déjà à l’Evar (sans le « s », puisque la sexualité en est absente jusqu’au collège). La professeure des écoles Lolita Rivé s’appuie sur les interrogations et remarques de ses élèves du primaire pour construire ses séances « car, en partant d’eux, on a peu de chances de se tromper », explique-t-elle. Elle rebondit par exemple sur des mots ou des gestes observés dans les couloirs de l’école ou la cour de récréation, comme des insultes homophobes ou des réflexions sexistes. « Je fonctionne en cercle de parole. Je m’appuie sur des livres qui abordent le consentement, l’intimité, les droits des enfants, l’égalité entre les filles et les garçons », détaille l’enseignante, qui a par ailleurs réalisé le podcast « C’est quoi l’amour, maîtresse ? » (Binge Audio).

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