« Je me sens plus actrice de mon travail et autonome. Avant, je courais toute la journée. Je me gère en fonction de mes impératifs, et je gère en direct avec les familles », raconte Marina Vié, technicienne de l’intervention sociale et familiale (TISF), tout en gardant un œil sur Imrane, 2 ans, dont elle s’occupe dans la ludothèque de la grande maison qui fait office de siège d’AID64. Cette association, installée à Pau, a adopté un « management en équipes autonomes », qui vise à laisser davantage de marge de manœuvre à ses 56 TISF, qui soutiennent les parents dans l’éducation des jeunes enfants, et 65 auxiliaires de vie sociale (AVS), davantage chargées des personnes âgées.

Ce fonctionnement est le fruit d’une transition de quatre ans. A l’origine, en 2021, une conviction des dirigeants : « Ce qui ne me convenait pas, c’est qu’on infantilisait les personnes. On travaille avec des adultes, ils savent mieux que moi prendre des décisions. Le poste managérial de responsable de secteur était difficile, tout passait par elles », explique Laure Orozco, directrice générale.

Il s’agissait aussi de résoudre des difficultés de recrutement et de turn-over important, classique dans ce secteur aux conditions de travail dégradées et à la rémunération médiocre : selon le ministère du travail, la moitié des aides à domicile gagnaient moins de 1,15 smic en équivalent temps plein en 2021. Seules 28 % des auxiliaires de vie et 45 % des techniciennes sont à temps plein.

Le mode de management choisi par AID64 s’inspire de la méthode Buurtzorg, du nom d’une entreprise néerlandaise de soins à domicile, qui a organisé, à la fin des années 2000, l’autonomie de ses intervenantes et donné naissance à tout un courant dans le médico-social, décrit dans un article récent de l’économiste François-Xavier Devetter (« Gérer et comprendre », Annales des Mines, juin 2025) : « Selon les structures, l’accent va être mis soit sur les moyens de créer du collectif, soit sur la manière d’organiser l’autonomie. »

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