
Un an après les athlètes olympiques, le grand public va pouvoir plonger dans la Seine à partir du samedi 5 juillet dans trois zones aménagées de la capitale. Il était interdit de se baigner dans le fleuve depuis 1923.
Au bras de Grenelle, près de la tour Eiffel, au bras Marie, en face de l’île Saint-Louis, et à Bercy, au niveau de la bibliothèque François-Mitterrand, des bassins aménagés avec pontons, échelles, mobilier balnéaire, douches et vestiaires attendent Franciliens et touristes. Ils pourront en profiter gratuitement jusqu’au 31 août, si la météo le permet.
Le bras Marie (centre) peut accueillir 150 personnes en simultané, Bercy (est) jusqu’à 700 personnes, dont 300 dans la zone de baignade. Le site de Grenelle (ouest), seul à disposer d’un bassin sécurisé pour les familles avec un fond, a une capacité de 200 personnes. Une base nautique y proposera gratuitement la pratique du kayak. « Ça va être un succès, il va falloir rapidement réfléchir à ouvrir d’autres sites », anticipait Pierre Rabadan, adjoint aux sports à l’Hôtel de ville, lors de la visite d’un des sites, lundi.
La maire de Paris, Anne Hidalgo (Parti socialiste), en présence de la ministre des sports, Marie Barsacq, doit inaugurer les trois sites, en commençant par celui du bras Marie. C’est là qu’elle s’était baignée l’an dernier, avant le début des Jeux olympiques (JO), plus de trente ans après la promesse faite par Jacques Chirac.
« L’un de mes prédécesseurs, alors maire de Paris, a rêvé d’une Seine où chacun pourrait nager. Demain, sa promesse sera tenue », a écrit sur X Emmanuel Macron, parlant de « fierté pour le pays ».
Milieu dangereux
Héritage promis des JO, la baignade dans la Seine répond d’abord à un besoin d’adaptation au changement climatique de la capitale, où les épisodes de canicule vont se multiplier et s’intensifier. Plus de 1,4 milliard d’euros ont été investis pour améliorer la qualité de l’eau en amont du fleuve, avec des travaux de captation des eaux usées pour éviter qu’elles ne s’y déversent.
Mais étant donné qu’à Paris les eaux de pluie et les eaux usées se mélangent dans un unique réseau, la seule solution en cas de précipitations abondantes est de déverser le trop-plein dans la Seine. Les pluies importantes enregistrées pendant les JO avaient souvent rendu l’eau impropre à la baignade pour les athlètes.
Cet été, comme à la plage, des drapeaux verts, jaunes ou rouges permettront de connaître le débit de la Seine et la qualité de l’eau, analysée par des sondes en instantané et des prélèvements en culture. Si les voyants sont au rouge, la baignade sera fermée.
Newsletter
« Chaleur humaine »
Comment faire face au défi climatique ? Chaque semaine, nos meilleurs articles sur le sujet
S’inscrire
Elle se déroulera sous haute surveillance, au point que chaque baigneur devra faire évaluer son aisance aquatique par un maître-nageur avant de nager en autonomie dans les bassins – la plupart sans fond, avec une profondeur de 3,50 mètres en moyenne.
Car le fleuve est un plan d’eau vivante qui reste un milieu dangereux, rappellent les autorités. « Il y a un risque de noyade à cause de la vase et des plantes agrippantes, de forts courants, le risque d’hydrocution et le trafic fluvial », rappelle la sous-préfète Elise Lavielle, précisant qu’il y a eu « treize décès dans la Seine en 2024 » et déjà « trois cette année ».
Alors que les fortes chaleurs pourraient tenter certains de se jeter à l’eau en dehors des lieux autorisés, un arrêté préfectoral a été pris à la fin de juin pour verbaliser la baignade sauvage. Les contrôles fluviaux sont également renforcés à Paris, premier port fluvial européen pour le transport de passagers, auprès des conducteurs de bateaux. Le site du bras Marie, point névralgique de la circulation fluviale, ne sera ouvert que le matin, après négociations avec les bateliers. Pour l’été 2026, d’autres sites pérennes sont à l’étude.
La poursuite des travaux de dépollution du fleuve en aval de Paris laisse espérer l’installation, l’année prochaine, de nouvelles zones de baignade à la sortie de la capitale, comme l’île Monsieur (Hauts-de-Seine) et l’île Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Quatre sites ont par ailleurs déjà ouvert aux baigneurs dans la Marne, dont celui de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne). Le principal affluent de la Seine était interdit à la baignade depuis les années 1970.