Ils ont fait bloc. Samedi 28 septembre, en terminant leur promenade de l’après-midi, près de cent cinquante détenus de la maison d’arrêt de Nîmes ont refusé de rejoindre leurs cellules. Durant plusieurs heures, les prisonniers ont mené un mouvement de protestation pour dénoncer les conditions actuelles de détention : surpopulation, hygiène déplorable, infestation de punaises de lit… Il a fallu l’arrivée des équipes régionales d’intervention et de sécurité de Toulouse et de Marseille pour ramener le calme. En début de soirée, les détenus ont réintégré leurs cellules. Ce genre de manifestation, à l’initiative de détenus, ne s’était pas produit depuis 2015 dans cette prison.

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A Nîmes, l’établissement pénitentiaire, conçu pour 200 places, accueille actuellement 486 détenus, selon le syndicat UFAP-UNSA Justice, et possède l’un des taux de surpopulation carcérale les plus importants du pays. La situation vaut aussi bien pour le quartier des hommes que celui des femmes. Dans la plupart des cellules de 9 m2, prévues pour deux personnes, un matelas est rajouté au sol.

Selon David Dehaye, délégué syndical UFAP-UNSA Justice à la prison de Nîmes, « il y a en ce moment cent deux matelas au sol dans le quartier hommes, soit 267 % de surpopulation pénale, et 13 matelas au sol au quartier femmes, soit 270 % de surpopulation ». L’événement du week-end est révélateur d’une « situation qui s’enlise », estime-t-il. « Cela fait des mois qu’on alerte. C’est très tendu. Ce problème de surpopulation n’est pas nouveau à Nîmes. Le bâtiment est vieux et vétuste. Tout cela met le personnel et les détenus à bout. La situation est explosive. »

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Une situation non isolée

A plusieurs reprises cet été, alors que les températures atteignaient plus de 40 °C, des professionnels sont montés au créneau, à commencer par les avocats nîmois, par la voix de la bâtonnière, Khadija Aoudia, pour dénoncer « des traitements inhumains et dégradants à la prison de Nîmes », déclare celle qui plaide « pour une révision des sanctions ». L’Association des avocats pour la défense des droits des détenus et la Ligue des droits de l’homme ont saisi la justice, fin juillet, pour demander « des améliorations des conditions de détention ». Mais rien n’a bougé. La situation de Nîmes, située dans la région Occitanie, ne semble pas isolée. « Tous les établissements pénitentiaires de notre région sont sursaturés, déplore Johann Reig, délégué régional de l’UFAP-UNSA Justice à Toulouse. Il manque un lissage vers d’autres prisons moins occupées. C’est incompréhensible d’avoir une telle différence de taux d’occupation. »

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