« Il y avait toutes sortes de gens. Des personnes habillées en girl-scouts, bonnes sœurs, ouvriers, en costumes de ville… Ou bien toutes nues. » Presque cinquante ans ont passé et Meryl Meisler n’en revient toujours pas. Ce 14 février 1977, jour de la Saint-Valentin, la jeune femme se retrouve dans une boîte de nuit new-yorkaise. Elle connaît bien les soirées rock du CBGB, célèbre club du sud de Manhattan. Mais c’est un nouveau monde qui s’ouvre devant elle : celui du disco.
Le genre, né quelques années plus tôt de la fusion entre les musiques funk, soul et pop, explose et mêle les communautés gay, latina et noire. Il offre le spectacle d’une joie de vivre débridée dans une Amérique qui sort d’une décennie marquée par la fin pathétique de la guerre du Vietnam et par le scandale du Watergate. Une épopée qui marqua les classements de ventes de disques, où caracolèrent en tête les groupes Chic, ABBA, Diana Ross (dont une chanson donne son titre à l’accrochage) et, surtout, la reine du genre : Donna Summer. Et qui fait l’objet de l’exposition « Disco – I’m Coming Out » à la Philharmonie de Paris.
Meryl Meisler retournera de nombreuses fois dans les clubs avec son appareil. Elle photographie des couples qui se forment, des danseurs concentrés sur leurs pas, des éclats de rire. Homosexuelle, elle fréquente les soirées lesbiennes mais « n’aime rien tant que celles où toutes les communautés se mélangent ».
« Je n’étais pas une intruse »
Par respect pour les modèles, elle demande toujours leur autorisation avant de les photographier. « Il y avait quelque chose de naturel. Je n’étais pas une intruse, une paparazzi, mais l’une des leurs. » Elle a alors en tête les images de Brassaï sur le Paris des années 1920 et 1930, le Français d’origine hongroise ayant l’habitude de déclarer : « C’est pour saisir la nuit de Paris que je suis devenu photographe. »
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