Désormais, le majestueux badamier de la plage de Mtsangadoua, l’une des plus belles de l’île, penche. Face à la mosquée, l’arbre centenaire, apprécié pour l’ombre de ses feuilles rondes et épaisses, porte les blessures de Chido. Mais il a résisté. Tout un symbole pour Ali Houzainya, qui vante la solidarité des Mahorais après cette catastrophe inédite dans l’île de l’océan Indien, et une litanie d’autres crises.
« Heureusement que l’on peut compter sur nous-même pour s’en sortir », lance cette femme énergique pour dénoncer en contrepoint « l’absence des collectivités locales et de l’Etat ». « Sur Petite-Terre, des distributions ont commencé. Ici, il n’y a rien. Ce n’est pas normal », s’exaspère-t-elle aux côtés de son frère qui fait griller des morceaux de poulets : leurs dernières réserves, décongelées faute de courant, bientôt périmées, et qu’ils ne veulent pas perdre. « On a vu l’hélicoptère passer et c’est tout. On est abandonnés. Où est la mobilisation de la commune, où est la mobilisation de l’Etat ? », interroge avec véhémence cette conseillère principale d’éducation au lycée voisin d’Acoua (nord-ouest).
Ce mélange d’incompréhension, de désarroi et de colère est largement répandu dans cette partie nord-ouest de Mayotte. Un territoire isolé et pauvre. Samedi 14 décembre, à partir de 10 heures, l’œil du cyclone, cette zone de basse pression au calme relatif entouré d’un anneau où la perturbation atmosphérique montre ses aspects les plus dangereux et les plus dévastateurs, l’a traversé de part en part, avec des rafales de vents de plus de 200 km/h. Avec, une première fois, le mur de l’œil ; puis une trentaine de minutes d’accalmie avant l’autre partie du mur.
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