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Histoires Web dimanche, septembre 29
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Un comptoir, un petit espace aménagé pour les DJ qui assurent la sono, quelques banquettes, il ne reste que le strict nécessaire pour une dernière soirée. Au cœur du quartier très vivant de la Plaine, à Marseille, l’un des plus anciens bars associatifs lesbiens de France, Aux 3G, va tirer sa révérence, le 5 octobre, après vingt-huit années de bons et loyaux services.

Ce bar est né en 1996 d’un besoin et d’un manque. « Ce qu’on cherchait, c’était la possibilité d’être entre nous », retrace Sylvie Gaume, 63 ans, « vieille militante de gauche », comme elle se définit elle-même. Avec trois de ses amies, Laurence Chanfreau, Dominique Lenfant et Agnès Royon-Lemée, elles reprennent un ancien entrepôt à fruits. Tout est à faire, de l’électricité à la dalle de béton à couler.

Le succès est immédiat, Aux 3G devient rapidement un lieu de vie et d’échange. S’y succèdent soirées électorales, débats d’idées, ateliers d’œnologie, concerts et soirées blanches pour « faire les stars comme Eddie Barclay », se souvient Sylvie Gaume. Quatre fois par an, une fête crée l’événement. Celle qui marque les esprits est certainement la soirée plage de juillet 1997, où une des adhérentes qui travaillait sur des chantiers avait réussi à faire livrer 1 tonne de sable. Sur le dancefloor, la plage.

Sa popularité dépasse les frontières

Ce bar était également un espace de mixité sociale, peu courant à l’époque. « Ça m’a permis de rencontrer des personnes de milieux très différents », constate Dominique Lenfant. « On avait par exemple parmi nos clientes une chirurgienne à qui il fallait systématiquement son whisky. On l’envoyait commander dans les bars à côté puisqu’on ne disposait pas de licence pour cet alcool et puis elle revenait chez nous », complète Agnès Royon-Lemée.

Tout en gardant un œil sur les 3G, les quatre fondatrices lâchent progressivement le conseil d’administration, au début des années 2000, pour passer le flambeau à de nouvelles adhérentes. Les équipes se succèdent alors que le comptoir s’agrandit. La popularité du bar dépasse les frontières de Marseille. Les filles viennent d’Aix-en-Provence, de Toulon comme d’Amérique, d’Australie et même de Syrie pour faire la fête Aux 3G.

Aux 3G, à Marseille, en septembre 2024.

Mais une vingtaine d’années plus tard, la fréquentation faiblit, le nombre d’adhésion est divisé par deux et les bénévoles se font rares, d’autant que la structure ne peut plus salarier personne. A plusieurs reprises, le bar menace de fermer. « Je comprends que les fondatrices soient fatiguées, mais qu’elles n’aient pas préparé de transmission, ça surprend », s’interroge Anne Vial, une élue du Printemps marseillais ouvertement homosexuelle, qui se souvient d’avoir aidé à coller des boîtes d’œufs pour insonoriser les locaux, en 1996.

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