Une centaine de manifestants, soutiens de la cause palestinienne, ont reçu un avertissement pénal probatoire, au lendemain de l’interpellation de 123 personnes alors qu’elles tentaient d’accéder au site de l’entreprise d’armement Eurolinks, accusée de vendre des composants militaires en Israël, a annoncé le parquet de Marseille, vendredi 3 octobre.

Au total, 112 personnes ont fait l’objet d’un avertissement pénal probatoire, une mesure de substitution aux poursuites judiciaires. Trois personnes se sont vu notifier « une composition pénale », trois autres ont été poursuivies et trois affaires ont été classées, a précisé le parquet de Marseille. Deux personnes étaient toujours en garde à vue, vendredi après-midi, dont l’une pour avoir « mordu un policier », selon la même source.

« Ce sont des arrestations qui sont tout à fait arbitraires et qui s’inscrivent dans un contexte de répression extrêmement important », a dénoncé Me Mathilde Lanté, qui a assisté une dizaine de personnes en garde à vue.

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« Double discours »

Selon la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, jeudi après-midi, un groupe a « tenté de bloquer le site d’Eurolinks à Marseille ». « Plus de cent personnes ont été interpellées et placées en garde à vue lors de ce rassemblement non déclaré, pour participation à un attroupement après sommations, et certaines pour dégradations ou violences sur personne dépositaire de l’autorité publique », avait fait savoir la préfecture.

Ces derniers mois, les actions manifestations et collages d’affiches – se sont multipliées devant le site de l’entreprise marseillaise, visée par une plainte de la Ligne des droits de l’homme (LDH), notamment pour complicité de crimes contre l’humanité et complicité de génocide.

Sur les réseaux sociaux, des images filmées par des manifestants montraient des drapeaux palestiniens sur les locaux de l’entreprise, et des inscriptions « Eurolinks assassine les enfants de Palestine », ou encore « Stop arming Israel ».

Pour Me Adrien Mawas, qui a représenté trois manifestants, « le procureur donne des alternatives aux poursuites, c’est-à-dire un vernis pénal à des gardes à vue, de manière à les justifier a posteriori, pour ne pas dire que finalement elles ont été entièrement arbitraires ».

Se présentant comme « la doyenne » des interpellés, Florence Heskia, 63 ans, reproche « le double discours » du gouvernement. « Il y a un discours de façade, avec la reconnaissance du président Macron de l’Etat de la Palestine, et puis il y a la réalité de ce gouvernement qui est complice et autorise Eurolinks à cheminer des matériaux pour faire les armes », estime la militante de l’Union juive française pour la paix (UJFP). « On est dans un système qui criminalise les gens qui s’y opposent », a-t-elle déclaré à la presse à l’issue de sa garde à vue.

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Le Monde avec AFP

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