L’invitation avait été lancée sur le tard par l’Elysée. La venue de Keir Starmer à Paris pour les cérémonies du 11-Novembre est allée bien au-delà de l’hommage historique aux soldats morts pendant la Grande Guerre. Tandis que la France et le Royaume-Uni célèbrent cette année les 120 ans de leur Entente cordiale, le premier ministre britannique est surtout venu donner du corps à son projet de rapprochement avec l’Union européenne (UE) et ses principaux Etats membres.

A l’heure où le retour de Donald Trump à la Maison Blanche fait trembler une large partie du continent européen, le dirigeant travailliste, en froid avec l’élu républicain, se dépêche de renouer des liens altérés par des années de disputes en tout genre à propos du Brexit.

La démarche s’adresse tout particulièrement à la France, elle-même soucieuse de tourner la page de cette quasi-décennie de « mésentente cordiale ». Depuis son arrivée au pouvoir, en juillet, l’approche de M. Starmer, partisan du maintien dans l’UE lors du référendum de 2016, est vue d’un bon œil à Paris. Sa volonté de remettre à plat les relations avec le continent tranche avec l’âpreté des échanges avec les anciens chefs de gouvernement conservateurs, de Theresa May à Boris Johnson.

Au fond, pourtant, la France reste sur ses gardes. Elle refuse d’amender les accords qui ont encadré la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Michel Barnier, alors négociateur en chef du Brexit à Bruxelles face aux gouvernements de Sa Majesté, n’est pas le moins attentif à ce sujet, tout comme Emmanuel Macron. A la différence de l’Allemagne, toujours soucieuse de fluidifier le commerce, Paris n’entend pas faire de concessions dans ce domaine.

« Une responsabilité particulière »

En revanche, les autorités françaises espèrent pousser les feux en matière de coopération de défense, au moment où les Européens se demandent comment résister à la tempête Trump, qui se profile à l’horizon, dès lors qu’il prendra le pouvoir, le 20 janvier. « La France est parmi les plus hostiles à rouvrir les accords du Brexit, mais Londres et Paris sont obligés de jouer le rapprochement pour des raisons géopolitiques face à la Russie », observe Sébastien Maillard, conseiller spécial de l’Institut Jacques-Delors, associé au laboratoire d’idées Chatham House, à Londres : « La France et le Royaume-Uni ont intérêt à parler d’autre chose que de poissons et se sentent une responsabilité particulière pour le continent. »

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