Depuis la terre, personne n’est censé apercevoir la villa Feltrinelli. Ses hôtes peuvent l’aborder en bateau, depuis les eaux du lac de Garde, dans le nord de l’Italie, qui baignent son parc de 8 hectares à la végétation ordonnée. Ils peuvent tout aussi bien se poser en hélicoptère, sur le terrain de croquet. Edifiée à partir de 1892 par les Feltrinelli, une des plus riches familles du royaume d’Italie, la villa abrite depuis 1997 un hôtel de haut luxe : cinq étoiles, vingt chambres, au minimum 1 800 euros la nuit.

Son style éclectique porte la marque d’une époque où les nantis s’entichaient de chimères architecturales. En descendant l’allée qui serpente depuis la route, une fois passé un haut portail aveugle, on aperçoit une crénelure digne d’un château de conte de fées, des arcs néogothiques, des corniches et des balustrades rappelant la Renaissance. Côté lac, la façade est percée par deux ouvertures étoilées, évoquant des inspirations mauresques.

Nous sommes à la veille du week-end de Pâques. L’établissement s’apprête à rouvrir ses portes après la pause hivernale. Devant l’entrée principale, un homme s’affaire, vêtu d’une veste blanche : Markus Odermatt, le directeur général. Les premières formalités passées, ce Suisse germanophone prend un air pénétrant pour nous dire, sous les murs du domaine dont il a la garde, et dans un italien trempé d’accent espagnol : « Ici, nous sommes dans un lieu hors du temps… » Hors du temps ou arraché à l’histoire ? « La maison était dans un état d’abandon total quand nous sommes arrivés », ajoute le manageur, qui affirme avoir longtemps travaillé en Amérique latine, sans plus de précision.

Salade 100 feuilles

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