Il est tellement énervé que, d’un geste brusque, il a renversé sa bière. Anthony Duquin, couvreur et éleveur de chiens, ne décolère pas : « Ils ont tout organisé pour que ça se termine comme ça ! Ce procès, c’était n’importe quoi. Et maintenant, Marine ne pourra pas être candidate ! La France est devenue une dictature ». Egalement habitué de ce bar PMU de la périphérie d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Thierry Venant essaie de calmer le jeu. « On gagnera en 2027. [Jordan] Bardella sera élu, t’inquiète pas. »

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Dans cette ville de l’ancien bassin minier, où Marine Le Pen a été élue au conseil municipal en 2008 (siège qu’elle lâchera en 2014 pour cause de cumul des mandats), celle qui est aussi députée du Pas-de-Calais fait tous les ans, en septembre, sa rentrée politique à l’occasion de la braderie locale. Entre les étals, elle déambule en terrain conquis, arrêtée tous les trois pas par ses soutiens. Pour eux, elle est « du pays même si elle n’est pas née ici », assène un client qui ne vote plus car « c’est tous des voleurs, point final ». Même Marine Le Pen ? Il hausse les épaules, replonge dans sa pile de cartes à gratter.

Au bar-brasserie La Paix, en centre-ville, à quelques dizaines de mètres du local du Parti communiste, où une grande photo de Maurice Thorez contemple le vide de ce lundi où les commerces sont tous fermés, Bernard Graziani et Farid Ainaoui sont au comptoir. La télévision n’est pas branchée sur les chaînes en continu. Les téléphones distillent les informations. Petit-fils d’immigrés italiens et plâtrier à la retraite, Bernard Graziani a lui aussi déserté les bureaux de vote depuis longtemps. « Y’a tellement eu de mensonges… » mais, tout de même, sa sympathie va au maire RN Steeve Briois parce que « lui, au moins, il ne magouille pas. Marine Le Pen, elle a peut-être détourné mais pas plus que les autres ».

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Son copain Farid, lui, essaie de s’y retrouver entre réquisitions à la fin du procès et jugement rendu ce lundi. Il pensait que c’était déjà fait. Ça ne changera pas sa vie. « Moi, ce que j’attends, c’est un logement social », lâche ce Kabyle, ancien commerçant à Paris, avant de partir dans une diatribe contre « les arabes et les noirs qui arrivent et qui ont droit à tout ». Le patron lève les yeux au ciel, s’en retourne à sa machine à café.

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