Moshé tient trois enfants contre lui. Sa femme, Bracha, serre les trois autres dans ses bras. Le plus petit a trois ans ; le plus grand, quinze. Au loin, ce vendredi après-midi 20 juin, résonnent les déflagrations des systèmes de défense israéliens. Puis une explosion beaucoup plus forte fait comprendre aux quinze personnes présentes dans les vingt mètres carrés de l’abri – une pièce sommaire au rez-de-chaussée – qu’un missile iranien vient de nouveau de frapper Haïfa, la ville de près de 300 000 habitants, au nord d’Israël, connue pour la diversité de ses habitants, juifs, arabes et chrétiens.
Pendant les longues minutes qui ont suivi une première alerte sur les téléphones, l’alarme sonore dans les rues, puis le bruit des explosions, Moshé a récité à voix basse les psaumes de David avant de remercier Dieu de l’avoir épargné, lui, ses enfants et sa femme, enseignante, trentenaire également. « Les Iraniens ont des armes très puissantes, nous devons agir avant qu’ils aient encore plus de forces », explique l’homme, ultraorthodoxe (qui ne veut pas donner son nom), sans travail, dont l’essentiel du temps est consacré à l’étude de textes religieux.
La course vers l’abri sommaire est devenue une habitude. Depuis le début de la guerre contre l’Iran, Haïfa a connu une quarantaine d’alertes. Cela autorise quelques rires au milieu des prières, et même une chanson lorsque Moshé apprend qu’un jeune couple présent vient de se marier un mois plus tôt. « Mazeltov ! », répète le père de famille. Des sourires effacent les visages effrayés des enfants. La fois précédente, dans la nuit du 15 au 16 juin, le missile était pourtant tombé à quelques dizaines de mètres de l’immeuble où la famille habite, depuis des années, au premier étage.
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