La police recherchait toujours, jeudi 13 février dans la matinée, un homme qui a blessé 12 personnes en jetant une grenade dans un bar associatif à Grenoble, mercredi soir.
« Pour l’instant, il n’y a aucune hypothèse qui est privilégiée », mais « l’attentat terroriste, (…) est, a priori, écarté », et un lien avec le trafic de stupéfiants est une hypothèse explorée, a dit à la presse, mercredi soir, le procureur de la République, François Touret de Coucy. « L’enquête se poursuit », a-t-il commenté jeudi matin sans vouloir en dire davantage.
Le magistrat a évoqué « un acte de violence extrême » qui « peut être lié à un règlement de comptes ». « Cette personne aurait été armée aussi d’une kalachnikov, mais ça reste à déterminer. Il n’est pas certain que cette kalachnikov ait été utilisée. A priori, les dégâts ont été causés par l’éclatement de la grenade », a-t-il également expliqué. « Beaucoup de clients » étaient présents au moment de l’explosion, selon lui.
L’enquête a été confiée aux policiers de la division de la criminalité organisée et de la délinquance spécialisée, anciennement la police judiciaire.
La déflagration a fait de nombreuses victimes : 12 personnes ont été prises en charge par les pompiers, dont deux sont entre la vie et la mort, selon une source policière. La préfète de l’Isère, Catherine Séguin, avait rapporté dans la soirée que six blessés se trouvaient en urgence absolue et que le bilan était susceptible d’évoluer.
Le ministre de la santé, Yannick Neuder, est attendu dans la matinée au CHU de Grenoble, où les blessés ont été hospitalisés.
Mobilisation de 80 sapeurs-pompiers
L’explosion est survenue vers 20 h 15 dans le quartier du Village-Olympique, classé prioritaire de la politique de la ville et situé dans le sud de Grenoble. Le bar associatif visé est « un lieu de rassemblement des personnes du quartier et de l’extérieur, et surtout pour regarder des matchs de foot », a expliqué, à l’Agence France-Presse, Chloé Pantel, maire adjointe du secteur 6 de Grenoble. « Ce n’était pas un bar qui était censé soulever d’inquiétudes particulières », a assuré François Touret de Coucy.
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Les secours étaient toujours présents au milieu de la nuit. « On attend que les derniers blessés, les moins graves, puissent être orientés vers les hôpitaux, a expliqué dans la nuit l’élue. Les forces de police vont rester présentes [dans] le quartier pendant un moment. »
Selon le Dauphiné libéré, 80 sapeurs-pompiers venus à bord de 20 engins de secours ont été déployés au plus fort de l’intervention. Et la police scientifique effectuait de nombreux relevés. Les CRS ont été déployés « pour sécuriser le quartier », a précisé Catherine Séguin sur X.
Le maire, Eric Piolle a dit, sur X, condamner « avec la plus grande fermeté l’acte criminel d’une violence inouïe qui s’est produit », en ajoutant que le CHU avait « déclenché son plan blanc pour soigner les blessés ». Le plan blanc permet aux établissements hospitaliers de mobiliser davantage de personnel et de logistique qu’en temps normal. « Nous vivons une période d’escalade de violence, à la fois dans sa localisation, dans sa temporalité, souvent en pleine journée », a observé l’édile, qui s’est aussi rendu sur les lieux, sans vouloir faire de lien avec « d’autres événements », dans l’attente des résultats de l’enquête.
Les épisodes de violence par arme à feu liés au trafic de drogue sont fréquents sur le territoire de Grenoble et sa banlieue, les autorités n’hésitant plus à parler de « guerre des gangs ». Hasard du calendrier, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, effectue vendredi un déplacement à Grenoble pour aborder le thème de la sécurité du quotidien.