Un corps gonflé flotte dans les eaux du lac Kivu. Sur le dos, torse nu, les avants bras dressés à angle droit vers le ciel comme dans une ultime prière muette. Devant cette maison donnant directement sur l’étendue d’eau, quatre corps, depuis le début de cette journée de jeudi 30 janvier, ont ainsi dérivé lentement.
Cinq jours après le déclenchement des combats dans Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, dans l’extrême est de la République démocratique du Congo (RDC), combien le lac charrie-t-il de cadavres ? Combien de dizaines d’autres ont été ramassés ce jour et la veille par les équipes de la Croix-Rouge devant l’entrée de l’hôpital provincial ou au quartier de l’aéroport où certains gisaient encore, de-ci de-là, recouverts de bâches ? Combien en reste-t-il dans la partie nord de la ville encore considérée comme une « no go zone » où selon différentes sources sont retranchées, sans guère d’issues, des soldats des Forces armées congolaises (FARDC) et des miliciens « wazalendo » qui n’ont pas voulu ou pu déposer les armes ?
Ce ne sont pas les moindres des questions que l’on se pose à Goma, en état de stupéfaction après l’offensive éclair de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), portée par le Rwanda voisin, qui a mis la ville, le pouvoir et les esprits sens dessus dessous. Le « jour d’après » à Goma est celui de l’incertitude.
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