L’attaque de l’armée israélienne dans la zone humanitaire d’Al-Mawasi, à Khan Younès, dans la nuit de lundi 9 à mardi 10 septembre, a fait au moins dix-neuf morts et une soixantaine de blessés, a fait savoir à la mi-journée mardi le ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas, sur Telegram. « Un certain nombre de victimes sont toujours sous les décombres, sous le sable et sur les routes », a ajouté le ministère.
Quelques heures plus tôt, la défense civile de l’enclave avait annoncé un premier bilan de quarante morts et d’une soixantaine de blessées dans cette offensive qu’Israël présente comme dirigée contre un « centre de commandement » du Hamas. Les blessés ont été transférés dans les hôpitaux voisins, a déclaré un responsable de la défense civile gazaouie, Mohammed Al-Mughair, à l’Agence France-Presse.
S’appuyant sur « une première évaluation », l’armée israélienne avait démenti l’ampleur du premier bilan diffusé par la défense civile, affirmant sur X mardi matin que ces chiffres « ne correspondent pas aux informations détenues par Tsahal, ni aux munitions précises utilisées, ni à la précision de la frappe ».
Les bombardements ont formé de grands cratères dans la zone humanitaire, a précisé la défense civile, organisation chargée des services d’urgence dans la bande de Gaza. « Des familles entières ont disparu dans le massacre d’Al-Mawasi, sous le sable, dans des trous profonds », a déclaré un autre porte-parole de la défense civile, Mahmoud Basal, dans un communiqué. « Plus de vingt (…) tentes ont été complètement endommagées », a-t-il ajouté, déplorant une pénurie d’outils et d’équipements qui entrave les opérations de sauvetage.
Dans un communiqué, le coordinateur spécial de l’Organisation des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, « condamne fermement les frappes aériennes meurtrières menées aujourd’hui par Israël dans un secteur densément peuplé, une zone humanitaire définie par Israël à Khan Younès où s’abritaient des personnes déplacées ».
Zone humanitaire
L’armée israélienne a déclaré avoir ciblé cette zone après y avoir identifié la présence de cadres du Hamas, auquel elle livre une guerre sans merci depuis l’attaque sans précédent que l’organisation islamiste a lancée sur son territoire le 7 octobre.
Un avion de l’armée israélienne a « frappé d’importants terroristes du Hamas qui opéraient d’un centre de commandement et de contrôle au sein de la zone humanitaire de Khan Younès », a précisé l’armée israélienne. Dans son message publié sur X, l’armée israélienne affirme avoir notamment visé « Samer Ismail Khadr Abu Daqqa, chef de l’unité aérienne du Hamas à Gaza ; Osama Tabesh, chef du département de l’observation et des cibles au siège du renseignement militaire du Hamas ; Ayman Mabhouh, un haut responsable terroriste du Hamas ».
« Les organisations terroristes de la bande de Gaza continuent d’abuser systématiquement des infrastructures civiles et humanitaires, y compris la zone humanitaire désignée, pour mener des activités terroristes contre l’Etat d’Israël et les troupes de Tsahal », a-t-elle affirmé dans son communiqué. Le Hamas a démenti que des combattants se trouvaient dans la zone humanitaire. « Les allégations de l’occupation [Israël] sur la présence de combattants de la résistance sont un mensonge éhonté », a déclaré le Hamas dans un communiqué sur la messagerie Telegram.
Israël accuse régulièrement le Hamas d’utiliser des civils comme « boucliers humains », ce que le groupe dément. Al-Mawasi, dans la ville de Khan Younès, avait été désignée comme une zone de sécurité par l’armée israélienne au début de la guerre ; des dizaines de milliers de Palestiniens déplacés y ont trouvé refuge. L’armée a cependant continué à mener périodiquement des opérations dans la zone, y compris une frappe en juillet qui, selon les autorités sanitaires, a tué plus de quatre-vingt-dix personnes, dont le chef militaire du Hamas, Mohammed Deif, selon Israël.